« L’exode, un drame oublié » d’Éric Alary

« L’exode est un tabou historique qui a été brisé une première fois
par Jean Vidalenc
dans les années 1950, dont l’ouvrage, très descriptif et minutieux, s’appuyait sur des sources encore indigentes, la plupart étant encore interdites à la consultation. Pierre Miquel, plus récemment, a livré une vision encore assez partielle de l’exode. Enfin, depuis les années 1990, quelques travaux universitaires participent à un renouveau timide… » peut-on lire sous la plume d’Éric Alary, en conclusion de sa remarquable étude publiée
en mars 2010 aux Éditions Perrin : « L’exode, un drame oublié »
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Présentation des éditeurs :

Fac-similé de couverture du livre d'Eric Alary : "L'exode, un drame oublié". « L’exode de mai-juin 1940 est la traduction civile de la défaite militaire, la face la plus visible de la débâcle. Car si les combats, les intrigues politiques et, plus tard, les appels de Pétain et de De Gaulle ne touchent qu’une minorité, le sort des huit millions de Français fuyant l’avancée allemande prend à partie la France entière. Pourtant, cette catastrophe humaine, politique, économique et sociale d’une ampleur sans précédent est demeurée dans l’ombre. Premier ouvrage exhaustif sur le sujet, L’Exode comble un vide de taille sur l’événement emblématique de la débâcle. Durant plusieurs années, l’auteur a consulté des centaines de sources inédites, faisant la part belle aux milliers de témoins – célèbres ou anonymes – de ce gigantesque traumatisme collectif.
En dépassant le cadre des quelques mois qui courent de la mobilisation générale en septembre 1939 jusqu’à l’armistice de juin 1940, il dévoile aussi l’histoire de ceux qui ne sont rentrés que bien plus tard… et de ceux qui ne sont jamais revenus.
Découvrir l’exode permet de mieux comprendre non seulement la France d’aujourd’hui, tant cet événement a marqué la mémoire collective, mais aussi
le monde à l’aune des grands drames humanitaires, dont il a été le premier chapitre et l’un des plus dramatiques. »

Conclusion de l’auteur (extraits)

« L’exode de mai-juin 19840 fait partie des plaies mal cicatrisées de notre mémoire nationale.
Il est de ces événements méconnus, mais aussi encombrants. Du coup, ce passé a été en grande partie occulté par l’histoire, alors que des millions d’acteurs l’ont vécu ou y ont assisté.
[…] Depuis juin 1940, l’exode a sans conteste fait partie de ces hontes nationales qu’il a fallu recouvrir d’un voile, car ce cataclysme national a humilié des millions de Français. La mémoire est sélective.
A quoi bon ressasser les mauvais souvenirs ?
[…] Cet événement cauchemardesque a représenté une véritable épreuve pour la cohésion nationale, tant et si bien qu’il a fallu convoquer le terme biblique d’exode pour le désigner. […] Il était donc nécessaire de pénétrer au cœur de ce drame, au regard d’une multitude d’expériences humaines qu’il fallait regrouper, comprendre et analyser, et à la lumière d’archives neuves et croisées. »

Précisions concernant le repli des prisons de Paris

Dans son chapitre « Le calvaire des vulnérables », Éric Alary évoque l’exode pénitentiaire et, dans ses notes de fin d’ouvrage, fait référence à mes travaux sur le repli de la prison militaire de Paris qu’il qualifie de « bonne mise au point » ; je l’en remercie. La première source citée datant de 2004-2005 (« La prison militaire de Paris sur les routes de l’exode », Arkheia n° 14-15-16), trois erreurs s’y étaient glissées, corrigées depuis grâce au dépouillement d’un nouveau fonds d’archives récemment ouvert au public (sous-série 13 J – SHD-DAT).

Rectificatifs : 1. Les prisons de Paris de la Santé et du Cherche-Midi ont été évacuées
le même jour : le 10 juin 1940
(p. 269) ; 2. Il est maintenant clairement établi que sur les dix condamnés à mort « retenus à Bordeaux », quatre ont été fusillés, à Pessac :
Rambaud Roger, Rambaud Marcel, Lebeau Léon, Amourelle Jean (p. 273) ; 3. Thierry de Ludre n’a jamais été membre de l’équipe du journal Je suis partout (p. 273), même si la Presse
les a confondus dans la même affaire et s’ils ont fait l’objet d’une instruction commune devant
le tribunal militaire de la 12e région militaire (qui devait d’ailleurs conclure à un non-lieu collectif, prononcé à Périgueux, le 6 août 1940).

Pour en savoir plus, se reporter à La Prison militaire de Paris face à la débâcle de juin 1940, texte consultable sur le site de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme.

À propos de l’auteur…

Éric Alary, docteur et agrégé d'histoire, spécialiste de l'histoire de l'Occupation en FranceDocteur et agrégé d’histoire, Éric Alary a enseigné à l’IEP de Paris comme moniteur allocataire et détaché, au Programme international de sciences politiques et sociales et a été l’assistant de René Rémond dans le cadre des séminaires de DEA en histoire du Cycle supérieur de l’histoire du XXè siècle, de 1995 à 2000. Il a également enseigné aux écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
Eric Alary est actuellement professeur de khâgne
et d’hypokhâgne au lycée Descartes de Tours, et enseigne toujours à Sciences Po notamment
au cycle ibéro-américain de Poitiers.
Spécialiste de l’histoire de l’Occupation en France, de l’histoire de la vie quotidienne dans les années 1940 et de l’histoire de la gendarmerie, Éric Alary travaille également sur le thème de l’histoire des frontières. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont L’histoire de la gendarmerie (2000), 1942, Un procès sous l’Occupation au Palais-Bourbon (2000), La ligne de démarcation (2003), Les Français au quotidien, 1939-1949, avec la collaboration de Bénédicte Vergez-Chaignon et de Gilles Gauvin (2006).

Source : site internet du Centre d’histoire de Sciences Po
Photo de l’auteur : La Nouvelle République.

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