Thérèse Lemoine, une résistante internée à la Prison du Cherche-Midi en 1941
Par Jacky Tronel | vendredi 19 mars 2010 | Catégorie : Dernières parutions, DES HOMMES… | 4 commentairesDans le livre témoignage qu’il vient de co-éditer avec la Ville de Saint-Valéry-en-Caux : Thérèse Lemoine « une Résistante valeriquaise de la première heure », Michel Lemoine retrace le parcours de sa tante dans la Résistance, son action, son arrestation et sa détention au Cherche-Midi, puis en Allemagne.
Jeune garçon de 14 ans, il lui avait demandé au sortir de la guerre les raisons de son engagement et plus particulièrement pourquoi en juin 1940, près de Saint-Valéry-en-Caux où elle habitait, elle avait participé au sauvetage de soldats anglais ? : « Mais parce qu’ils étaient des nôtres ! » Telle fut sa réponse, spontanée et avec sans doute dans le regard le prix de la souffrance qu’elle avait dû payer pour avoir participé au sauvetage de ces jeunes « Tommies » de « l’East Surrey Régiment ». Appréhendée à Saint-Valéry-en-Caux pour « le sauvetage » de six soldats, que la malchance devait conduire dans un camp de prisonniers en Allemagne, Thérèse est arrêtée et enfermée à la Prison du Cherche-Midi à Paris.
Dans sa quête des souvenirs sur sa tante, Michel Lemoine a retrouvé des archives et des témoignages sur cette prison allemande où tout manquait et où « la volonté d’humilier les détenus » était l’une des règles de conduite des gardiens. Il décrit comment certains prisonniers surent entretenir le moral et l’espoir des uns et des autres et trace le portrait de quelques beaux comportements comme ceux d’Agnès Humbert « merveilleuse de courage », d’Honoré d’Estienne d’Orves: « Sa présence, son aura étaient déterminantes pour le moral de ses compagnes d’infortune », ou encore celui de l’abbé Stock.
L’auteur se souvient avec émotion des visites qu’il rendait avec sa mère à sa tante au Cherche-Midi, que Thérèse, condamnée à quatre ans de forteresse par le tribunal allemand de Paris, quittera bientôt pour rejoindre les prisons du Reich. Puis, pour cette « Résistante valeriquaise de la première heure », ce sera un long parcours de souffrance dans les camps de travail au service de la machine de guerre nazie. Elle sera libérée le 14 avril 1945 par l’armée américaine.
En France, malgré les hommages, les décorations et sa famille, le retour à une vie normale, comme pour tous les déportés, fut difficile tant moralement que physiquement.
Ce livre est intéressant par les témoignages qu’il apporte sur la vie dans la prison du Cherche-midi, aujourd’hui disparue et dont il ne reste à Créteil qu’un mémorial où sont honorés 106 martyrs dont 17 femmes.
Novembre 2008, Michel Lemoine (à gauche) et Jean Barin (ancien secrétaire général de la FMSH),
dans le hall de la Maison des Sciences de l’Homme, à l’endroit même où, de 1851 à 1961,
s’élevait la prison militaire du Cherche-Midi. © Photo J. Tronel.
L’auteur, Michel Lemoine, joint à ce livre le texte de l’intervention qu’il fit au cours d’une conférence sur « la Prison Militaire du Cherche-Midi, un trou noir de l’Histoire » le 12 juin 2009, à la Maison des Sciences de l’Homme, à Paris. Ce texte « Paroles de femmes » est un bel hommage aux Résistantes qui furent enfermées dans cette prison.
Article rédigé par Jean Novosseloff, Association Mémoire et Espoirs de la Résistance.
Merci mille fois pour la place que vous avez accordée à mon modeste ouvrage. Si j’ai bien compris, votre blog est une initiative récente et je suis flatté de m’y trouver. Je m’efforcerai de le faire connaître.
Un livre en effet très intéressant dont je recommande la lecture.
Ma grand-mère, Elisabeth de la Bourdonnaye, a été incarcéré de mars à août 1941 au Cherche-Midi dans le cadre de l’affaire du Réseau du Musée de l’Homme car elle avait caché l’avocat Léon-Maurice Nordmann.
J’aimerais savoir comment me procurer de livre de Thérèse Lemoine
Merci beaucoup,
Lorraine Colin
Bonjour,
L’auteur, Michel Lemoine, est aujourd’hui décédé. Le livre ayant été co-édité avec la Mairie de Saint-Valéry-en-Caux, vous devriez interroger le service culturel de cette mairie.
Bien cordialement, JT