Le sabotage dans les usines d’aviation et le PCF : entre mythes et réalités
Par Jacky Tronel | samedi 24 avril 2010 | Catégorie : Dernières parutions, VARIA | 7 commentairesOn pouvait lire, dans le n° 4 (mars/avril 2010) de la revue Histoire(s) de la Dernière Guerre : « C’est dans un contexte d’ostracisme et de peur généralisée de l’ennemi intérieur, associant l’image de la cinquième colonne nazie et des cellules communistes clandestines, qu’interviennent les affaires de sabotages. Aujourd’hui encore, le dossier est loin d’être clair. L’ampleur et les mécanismes ayant mené à des sabotages ponctuels de l’effort de guerre de la part de militants communistes sont encore à ce jour très mal connus. Quelle en est l’origine, initiatives isolées ou actions orchestrées à haut niveau au sein de l’appareil clandestin du parti ? Difficile de répondre. […] Pour réel qu’il soit, l’ampleur de ce phénomène restera toutefois tout à fait marginale dans le déroulement de la guerre. »
Usine d’aviation Marcel Bloch © Photo P. Rozier.
Le cas des détenus de la prison militaire de Paris condamnés à mort pour « complicité de destruction ou détérioration volontaire d’appareils de navigation aérienne ou toute installation susceptible d’être employée pour la Défense Nationale », m’a naturellement conduit à m’intéresser à la question des sabotages de guerre. Voici quelques éléments de recherches et pistes de réflexion nouvelles…
Le sabotage de l’effort de guerre et le PCF
Le 27 octobre 1939, le général Héring, gouverneur militaire de Paris, adresse au président du Conseil, Édouard Daladier, un « rapport sur l’activité des milieux défaitistes et, plus particulièrement, communistes ». Héring insiste sur la rupture produite par le pacte germano-soviétique : « Il était concevable, lorsque l’Union Soviétique proposait à la France de s’allier avec elle, que les communistes “ seraient au premier rang des combattants pour une guerre juste ” ». Mais les Soviétiques ayant modifié leur position, « le Parti Communiste, après avoir réclamé la guerre à tout prix, réclame maintenant la paix immédiate, la cessation des hostilités ». Cette situation nouvelle, ajoute Héring, « devient extrêmement dangereuse pour la défense nationale. […] Il existe un synchronisme certain entre “ l’offensive de paix ” de Hitler et de Staline, et la propagande défaitiste du Parti Communiste. Elles font partie d’un seul et même plan ».
Le 30 novembre 1939, prétextant l’incident de Mainila survenu quatre jours plus tôt et dont elle porte l’entière responsabilité, l’Armée rouge envahit la Finlande. Cette guerre qui oppose la Finlande à l’Union soviétique, conséquence du protocole secret convenu entre Berlin et Moscou dans le cadre du pacte germano-soviétique, accentue encore dans l’esprit de la base militante du PC l’idée que cette guerre n’est pas « antifasciste » mais « impérialiste ».
Le 22 décembre 1939, dans un discours adressé à la Chambre, Daladier promet des armes à la Finlande. Cette initiative conduit le PCF, sous l’impulsion de l’Internationale communiste, à engager le processus de sabotage de l’effort de guerre. Le 5 janvier 1940, Jacques Duclos écrit à Benoît Frachon : « Le moment est venu pour nous d’orienter les ouvriers vers le sabotage des fabrications de guerre destinées à la Finlande et d’attirer leur attention sur l’utilisation antisoviétique du matériel de guerre fabriqué en France ». Au mois de février, deux tracts du PCF encouragent cette action. L’appel « Peuple de France » exhorte les ouvriers à mettre « tout en œuvre pour retarder, empêcher, rendre inutilisables les fabrications de guerre dont il est clair désormais qu’elles sont destinées à combattre l’Armée rouge ». Le second, qui s’oppose à la guerre en Finlande, est signé de la Section française de l’Internationale communiste. Nous pouvons y lire : « Ouvriers, ne soyez pas complices de vos pires ennemis qui combattent dans l’Union Soviétique le triomphe du socialisme sur un sixième du globe ; par tous les moyens appropriés, en mettant en œuvre toutes vos ressources d’intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêchez, retardez, rendez inutilisables les fabrications de guerre. […] Il faut tout mettre en œuvre pour rendre impossible l’envoi d’avions, de canons, de mitrailleuses et de munitions […] Les travailleurs français ne permettront pas que les armes françaises soient envoyées aux ennemis de l’Union Soviétique… ».
© Photo P. Rozier.
La revendication du sabotage de la défense nationale apparaît également de façon claire dans l’un des documents saisis sur Denise Ginollin lors de son arrestation à Paris, le 20 juin 1940, nommé « déclaration d’intention du 20 juin » par Jean-Pierre Besse et Claude Pennetier. Cette déclaration destinée aux Allemands avec l’espoir de voir réapparaître L’Humanité et d’obtenir la libération des militants communistes internés, stipule : «2°) Sommes communistes avons appliqué ligne PC sous Dal[adier] Ray [Reynaud] juif Mandel. Juif M[andel] après Dal[adier] nous a emprisonné[s]. Fusillé des ouvriers qui sabotaient défense nat[ionale]. Sommes PC français pas eu peur […] 7°) Je répète avons lutté contre Dal[adier] contre M[andel] R[aynaud] avons au poteau d’exécution amis fusillés…». Faut-il y voir la simple mise en avant de faits isolés, exagérés, destinés à s’attirer les bonnes grâces de l’occupant, ou bien l’expression d’une réalité matérialisant la ligne officielle du Parti ? À la seconde hypothèse, on peut apporter un certain nombre d’éléments de vérification. Les archives de l’État-major du Gouvernement militaire de Paris, 2e bureau, confirment l’existence d’actes de sabotage commis dès l’automne 1939, antérieurement à la guerre de Finlande, par des communistes travaillant dans les usines d’armement de la région parisienne.
Chronologie et ampleur des actions de sabotage
Plusieurs rapports et notes blanches de la préfecture de police, du gouvernement militaire de Paris ainsi que de la direction générale de la Sûreté nationale, conservés au service historique de la Défense, permettent de se faire une petite idée de l’ampleur des actions de sabotage… Par exemple, le 24 novembre 1939, un rapport classé « Secret » signale que la SIPA (Société industrielle pour l’aviation) subit la propagande communiste « sur une grande échelle, depuis le dernier des manœuvres jusqu’aux chefs d’équipes ». Dans cette usine d’Asnières, il est question de « freinage de la production » et de sabotage : « C’est une chose flagrante, les ouvriers préfèrent perdre la prime, mais ils ne font pas le travail dans le délai accordé ». Quatre empennages LEO 45 sont refusés pour malfaçon. L’acte de sabotage intervient « le lendemain d’une paye et certainement pour protester contre les retenues dont les ouvriers étaient mécontents ».
Au début du mois d’avril 1940, dans un rapport d’une dizaine de pages, classé « Très secret », les services de la police d’État de Seine-et-Oise dressent un état de la « Situation dans les usines travaillant pour la défense nationale ». On enregistre partout un ralentissement dans la production. Les causes avancées pour en expliquer les raisons sont multiples. Celle qui revient, tel un leitmotiv, touche à « la propagande révolutionnaire ». Le rapporteur précise : « On s’indigne contre les retenues, les restrictions, ou on se félicite de la paix de la Russie imposée à la Finlande. Le mot d’ordre qui circule depuis ces derniers jours est le suivant : “ Pour freiner la production, invoquer des motifs de maladie ou provoquer des blessures de travail pouvant entraîner une quinzaine de jours de repos ”. Des détériorations de machines dont certaines sont volontaires, continuent à être constatées. Les enquêtes ouvertes dans tous les cas signalés arrivent difficilement à établir l’acte de sabotage volontaire ».
© Photo P. Rozier.
Dans ce même rapport, un inventaire des usines de la région parisienne est établi, site par site. À la SNCM d’Argenteuil, « on a remarqué une recrudescence de distribution de tracts révolutionnaires. L’un d’eux doit retenir particulièrement l’attention. Il a été trouvé le 2 mars. Il porte comme titre : “ Nouveau départ – organe des groupes d’éducation et d’action révolutionnaire – 15 janvier – N° 1 ” et se termine ainsi : “ Solidarité avec les militants de toutes les tendances du mouvement ouvrier (PC – PSOP – POI – Anars, etc…) qui luttent contre la guerre impérialiste. ” D’autres tracts communistes ont été placés dans les poches des vêtements des ouvriers dans les vestiaires et des papillons ont été collés […] Enfin, on a constaté, faits plus graves, de nombreuses malfaçons. 250 moteurs sont à démonter pour mauvais usinage. Des canalisations d’huile étaient remplies de limaille provenant de la perforation d’une pièce de moteur après montage. 2.000 pistons ont dû être mis au rebus. Ils avaient été fabriqués suivant des cotes inexactes. »
Enfin, une note non datée indique qu’à la SNCAC (Société nationale de constructions aéronautiques du Centre – Usine Farman de Billancourt), « une grande partie des ouvriers subissent l’influence de meneurs communistes. Des “ âmes ” de Bréguet 696 (pièces de 4 m. de long en tôle duralumin) ont été récemment trouvées inutilisables au montage comme ayant “ criqué ” (cassé) au travail : on a été obligé de refaire une dizaine de fois certaines d’entre elles. […] Chaque appareil utilisant quatre “ âmes ”, c’est un total de quarante pièces qui ont dû être “ relancées ” : cette proportion est de beaucoup supérieure aux 5 % d’erreur admis ordinairement pour ne pas confirmer la réalité de sabotage dissimulé. » [souligné dans le texte].
Une autre source d’information, plus factuelle, procède de l’analyse des registres d’écrou de la prison militaire de Paris. En juin 1940, la prison compte un nombre important de prisonniers politiques, qualifiés de « propagandistes révolutionnaires ». Sur un corpus de 1 250 détenus, si 18 seulement sont inculpés de « sabotage et acte de nature à nuire à la défense nationale », 118 le sont pour « abandon, refus de travail ou freinage de la production », 82 pour « propos défaitistes, subversifs et antinationaux » et 279 pour « activités communistes ou syndicalistes ».
On ne peut toutefois pas en conclure que le PCF aurait appelé massivement ses militants à se livrer à des actes de détérioration de matériel militaire, ou bien encore que les consignes du parti auraient été largement appliquées par la base. Les cas avérés de sabotages, à l’exemple de ceux causés par les ouvriers de l’usine Farman, demeurent isolés. En 1983, l’historien Philippe Buton posait la question de savoir si le PCF avait saboté la défense nationale pendant la « drôle de guerre » et, en réponse, avançait l’explication suivante : « En attendant de nouvelles sources, l’hypothèse vers laquelle nous penchons est que ces actes [de sabotage] sont le produit de la conjonction de deux phénomènes, la propagande communiste d’hostilité envers la guerre et l’ardeur juvénile imprégnée de radicalisme révolutionnaire ». De même, dans « Mind the Gap : The Perception and Reality of Communist Sabotage of French War Production during the Phony Wat, 1939-40 » (Past & Present no 189, novembre 2005), l’historien canadien Talbot Imlay relativise l’importance des sabotages délibérés. Le rôle du PC aurait été essentiellement de contribuer au freinage de la production et de pourrir l’effort de guerre.
L’étude attentive des dossiers de procédures judiciaires des saboteurs jugés par les tribunaux militaires de Paris, archives conservées au Dépôt central de la Justice militaire, (Le Blanc, Indre), permettrait d’en mesurer l’ampleur, d’en comprendre les motivations et d’en connaître les inspirateurs et commanditaires.
Chasseurs MB 151 et 152 dans l’atelier de montage de l’usine d’aviation Marcel Bloch à Déols (Chateauroux, Indre), 1939 © Photo P. Rozier.
La production aéronautique pendant la guerre
Il est un fait indéniable : la production s’est révélée très inférieure aux estimations des programmes de construction aéronautique. Les causes de cet état de fait sont multiples et ont été étudiées avec beaucoup de finesse par Patrick Facon. L’historien évoque en particulier « l’absence “ d’esprit combattant ” chez des ouvriers qui travaillent beaucoup plus pour leurs intérêts propres que pour favoriser le réarmement de leur pays ». L’auteur fait référence au rapport du général Picard, rédigé au terme d’une enquête menée dans les établissements aéronautiques entre décembre 1939 et avril 1940 : « S’il note l’existence de nombreux noyaux communistes poursuivant une activité souterraine et prêts à agir sur ordre, à une heure choisie, s’il déplore quelques sabotages, le général Picard conclut néanmoins que l’activité occulte prêtée à ces éléments n’entrave en rien les cadences de sorties. Pour le chef d’état-major général de l’armée de l’Air, la faute essentielle revient à la “ nonchalance de la presque totalité des ouvriers et [au] manque d’autorité des cadres ” ».
Cet esprit « défaitiste », n’est pas seul en cause. Patrick Facon pointe également du doigt un certain nombre de paradoxes parmi lesquels « une dramatique et inconcevable absence de synchronisation entre les fabrications de cellules et les sorties d’équipements. C’est là un des problèmes les plus préoccupants et les plus déprimants, tant pour les dirigeants de l’industrie que pour les responsables de l’armée de l’Air. […] En fait, le ministère s’est polarisé sur les fabrications d’avions sans comprendre que celles d’équipements ont tout autant d’importance. Par ailleurs, aussi extraordinaire que cela puisse paraître, Guy La Chambre [ministre de l’Air du 18 janvier 1938 au 21 mars 1940] n’a autorisé le montage des armes dans aucun des centres de production, craignant que la présence de canons et de mitrailleuses n’encourage les communistes à y fomenter des troubles ». Là encore, à tort ou à raison, la crainte d’une action antimilitariste des communistes est patente.
Le sabotage de l’aviation française vu par le PCF clandestin
Publiée clandestinement en 1941, la brochure intitulée Pour servir à l’acte d’accusation du Peuple de France contre les traîtres. Le sabotage de l’aviation française, voici des faits… nous livre la version officielle du Parti communiste français clandestin qui désigne les véritables responsables du sabotage de l’effort de guerre. Ce sont « les classes dirigeantes de la France » et le patronat qui ont « entrainé notre pays à la guerre et à la défaite […] poussé à la guerre impérialiste avec l’espoir que cette guerre commencerait contre l’Union Soviétique » et « saboté délibérément toute l’organisation militaire ». Cet opuscule contient le texte de la conférence qu’Henri Jourdain, ouvrier métallurgiste et secrétaire du Syndicat des Métallurgistes de la Région parisienne a prononcé le 9 février 1939, à la Maison de la Chimie, texte présenté comme « un acte d’accusation », « une charge écrasante contre tous ceux qui essaient aujourd’hui de fuir leurs responsabilités en accusant la classe ouvrière ». En conclusion de ce plaidoyer de non-culpabilité, le PCF déclare : « Le sabotage de l’aviation a continué avec le silence et la complicité de tous les fripons qui feignent de s’indigner aujourd’hui. […] La guerre qu’ils envisageaient, c’était la guerre impérialiste. Et ils pensaient bien que l’Union Soviétique subirait le premier choc. […] Ils se vengeaient et ils se vengent encore des progrès réalisés par le Front Populaire. Sans aucune retenue, avec une indignité inconcevable, ils lèchent les bottes de l’envahisseur. […] Ils “ collaborent ” sans effort aujourd’hui, alors que leur attitude donne la nausée au moins délicat des Français, parce que c’est leur intérêt de classes privilégiées. Étonnez-vous après cela qu’ils aient été les organisateurs ou les complices de l’impréparation militaire ».
Avions stationnés sur le terrain de l’usine d’aviation Marcel Bloch à Déols, 1939 © Photo P. Rozier.
En 1980, quelque quarante ans plus tard, Henri Jourdain maintient sa version. Dans une interview accordée à Claude Willard, il revient sur ce qui, selon lui, a motivé la campagne menée par le grand patronat contre les ouvriers de l’aviation : « Il faut se rappeler la haine de la classe dirigeante pour la classe ouvrière, particulièrement à l’endroit des communistes dans les usines. Elle ne leur pardonne pas leur rôle d’organisateurs des grèves de 1936, d’avant-garde pour défendre les conquêtes du Front populaire. Dresser l’opinion contre les travailleurs et diviser la nation, tel est le but de la réaction fascisante. Pour cela, elle mène une campagne systématique, mensongère et haineuse en particulier contre une faction de la classe ouvrière : les ouvriers des usines d’aviation. Elle les accuse de saboter les productions aéronautiques nécessaires à la Défense nationale au nom, selon elle, d’un attachement borné et à n’importe quel prix à leurs avantages acquis ».
Le PCF, malhabile à justifier son changement de stratégie, engage alors une campagne de propagande visant à désigner les « vrais » coupables, les saboteurs : il s’agit du grand patronat, « les hommes des trusts », les seuls véritables responsables de la défaite.
L’historien Georges Vidal résume ainsi la situation : « À la suite du pacte germano-soviétique et du déclenchement de la guerre, l’ensemble de la mouvance communiste se trouve face à un dilemme : maintenir la politique de défense nationale et soutenir alors la guerre nationale et antifasciste, ou bien poursuivre la lutte pour la paix sous la direction de Moscou. Ce dilemme revient à devoir choisir entre deux patries ». Pour bon nombre de communistes, la question du choix ne se pose même pas. Évoquant les réactions des métallos au pacte germano-soviétique, Henri Jourdain reconnaît qu’« à l’époque, il y a chez beaucoup d’entre [eux] la foi du charbonnier, une confiance totale dans le parti bolchevik, l’U.R.S.S., Staline, la puissance invincible de l’Armée rouge ».
Cette recherche doit faire l’objet d’une publication dans le prochain numéro de la revue d’Histoire Arkheia. Il y sera question des 4 fusillés de Pessac : un traître et trois saboteurs condamnés à mort, exécutés sur le champ de tir de Verthamon, le 22 juin 1940.
Je trouve cet article tout à fait orienté. Bien qu’il relativise les actes de sabotages, il n’en revient pas moins à l’antique théorie, que combattit Germaine Willard en son temps, selon laquelle le PCF aurait simplement suivi la ligne de Moscou. Mais la « foi du charbonnier » n’explique pas tout, et n’aveugle en tout cas pas sur les réalités proprement françaises. La façon dont sont traités les propos de Claude Willard est à ce titre exemplaire : quarante ans plus tard, le méchant communiste refuse d’admettre la vérité ! On en oublie vite Marc Bloch.
Paul, militant communiste.
Au risque de déplaire, il semble bien qu’il y ait eu non pas « des sabotages » mais bien un coulage des délais de livraison du canon équipant les Dewoitines 521 (le Spitfire français) à la Manu de Chatellerault . Quand on sait que ces avions ont fait cruellement défaut en 1940, on peut au moins l’evoquer. Mais heureusement nos communistes, même s’ils ont pris le train en marche, se sont sacrifiés dans cette manufacture au cours des années suivantes…. ça c’est l’honnêteté. Les FTP étaient de vrais résistants… mais ils ont pris le train en marche et n’ont pas été les seuls a combattre les nazis !
Deux réactions à cet article concernent la dernière photographie montrant des avions stationnés sur le terrain de l’usine d’aviation Marcel Bloch à Déols, 1939.
J. Gazel pense que « ce ne peut être sur ce terrain des usines Bloch car ce sont des Dewoitine 520. Ce serait plutôt sur le terrain de Saint Martin du Touch à Toulouse. »
Rémi Baudru qui travaille sur l’historique du groupe de chasse III/7 me transmet les renseignements suivants concernant cette photo « qui montre un peu moins de la moitié des Dewoitine 520 du groupe de chasse III/7. Cette unité après avoir fait toute la bataille de France sur de vieux Morane 406, a été reéquipée fin juin 1940 avec des Dewoitine à Toulouse Francazal. Trop tard pour combattre avec ces nouveaux avions. Tous les vols ont été interdits le 26 juin (armistice). La décision de dissoudre ce groupe a été prise fin juillet 1940. Les pilotes ont été autorisés à faire quelques vols à partir du 12 août. Dès le lendemain, ils ont du transférer les Dewoitine à Châteauroux pour être stockés. Les Allemands avaient demandé que les avions soient stockés à Châteauroux parce que cette ville était très près de la ligne de démarcation. Ce qui leur permettaient en cas de tension de rapidement saisir ces avions stockés. Une partie des avions portent un rond blanc sur la dérive. Ce rond était destiné à recevoir l’insigne de cette escadrille (la 5ème). Les quatre avions à droite (codés 1, 2, 6, 3 appartenaient à la 6ème escadrille. Il semble que ces chiffres étaient simplement dessinés à la craie. Vous remarquerez également que les casseroles des hélices de ces avions de la 6ème escadrille étaient peintes en blanc. Les avions se sont posés à Déols et ont été transférés le 15 août de Déols (où était l’usine Bloch) à La Martinerie où ils ont été stockés. La photo a donc été prise entre le 13 et le 15 août 1940. »
J. Gazel convient que « cette explication paraît très plausible. On reconnait effectivement le style de marquage du III/7 qui fut appliqué sur les MS406 auparavant. En voyant la photo, je pensais même que c’était des avions à Toulouse qui lui étaient destinés. Le centre de Chateauroux fut bien un centre de stockage. Les avions de I/2 qui furent équipés de D520 en 1942 en provenaient. Je transmets la photo à un ami spécialiste et historien de la période, Guy Fruchart. »
Affaire à suivre…
Réponse de Guy Fruchart :
« Pour ce qui est de la photo, il s’agit bien des D-520 du GC III/7 à Châteauroux-Déols, il existe d’ailleurs une autre vue de cet ensemble de D-520 sur le site de Bibert. Ce qui est dommage, c’est que l’on ne peut distinguer avec précision les numéros de série (les 21 appareis livrés au GC III/7 sont répertoriés dans le bouquin de Danel et Cuny sur le D-520), par contre on peut dire que les appareils avec gros chiffres et cercles blancs appartenaient à la 5eme escadrille et ceux avec chiffres « fantaisie » (1-2-6 et 3) à la 6ème escadrille.
Pour résumer : le 22 juin 40, 16 D-520 sont affectés au GC III/7 puis 10 autres sont réceptionnés le 24. Le 25, tous les vols sont interdits du fait de l’armistice. Aux derniers jours de juin, les D-520 sont reversés au parc de Francazal et le personnel envoyé sur Pau pour être démobilisé. Suite à l’affaire de Mers el-Kébir, le GC III/7 est réactivé le 7 juillet et récupère ses D-520 à Toulouse mais sans pouvoir les utiliser. Le GC III/7 est définitivement dissout le 15 août mais, auparavant, les D-520 seront convoyés à la base de stockage de Châteuroux-Déols. »
Je note que la légende de la photo publiée sur le site de Joseph Bibert indique : « Les D.520 du GC III/7 à Châteauroux-Déols – Août 1940″… et non 1939, comme indiqué sur mon blog…
Merci pour ces précisions qu’apprécieront les passionnés d’aviation !
Mon grand oncle Jules Javernaud a saboté des hélices d’avions allemands. Soupçonné par les Allemands, il s’est réfugié à Azerat (Dordogne), mais denoncé par des collabos, il a été arrêté par la gendarmerie de Thenon et livré aux boches…
Article très intéressant et très documenté. Merci M. Tronel.
A Paul et ses camarades : quel crédit accorder aux déclarations d’un communiste ? Objectivement, aucune !
Dans le système marxiste, la vérité n’existe pas, seule compte l’efficacité de la propagande : « un mensonge répété un million de fois devient vérité », disait Staline. L’URSS a créé un « ministère de la désinformation » dans le seul but de fausser le jugement sur la réalité. Du coup, même animés de la meilleure volonté, de nombreux esprits se sont égarés. Mais comme dit l’adage : « Errare humanum est, perseverare diabolicum ».
Le problème qui existe est celui de Charybde et Scylla, le fascisme stalinien (c’est Pétain qu’il nous faut) et le fascisme nazi (plutôt Blum qu’Hitler), qui a fait le plus de mal à la France ? L’évolution de la guerre montre plutôt le deuxième terme. À chacun son opinion.