« Viols en temps de guerre » : la levée d’un tabou

Illustration de "Viols en temps de guerre" de Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili

Du 11 au 13 mai 2009 se tenait à l’Institut Historique Allemand de Paris le colloque « Viols en temps de guerre, une histoire à écrire », co-dirigé par Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili. Cette page d’histoire est aujourd’hui écrite…
La parution d’un ouvrage collectif au titre éponyme, publié au début de ce mois chez Payot, vient combler un manque de l’historiographie sur le sujet. Ce livre pionnier éclaire la place et le sens des viols en temps de guerre.

Parce que les victimes étaient majoritairement des civils et des femmes, les viols furent longtemps relégués au second plan, à la marge du champ de bataille. Ils étaient pensés entre butin et repos du guerrier, sans effet sur le cours de la guerre, marquant l’assouvissement de la pulsion sexuelle masculine. Sous la direction des mêmes Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili, vingt auteurs se penchent ici sur les différents conflits du XXe siècle, des guerres mondiales aux guerres civiles, de la Colombie à la Tchétchénie. Pour la première fois, ils retracent l’histoire de cette violence, en soulignent la complexité et l’ampleur, présentent la diversité des situations, le poids des imaginaires, les conséquences sociales et politiques, mais aussi intimes et émotionnelles.

Table des matières

"Viols en temps de guerre" : fac-similé de couverture de l'ouvrage collectif dirigé par Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili, Éditions Payot, novembre 2011

Introduction.
Écrire l’histoire des viols en temps de guerre, par Raphaëlle Branche, Isabelle Delpla, John Horne, Pieter Lagrou, Daniel Palmieri, Fabrice Virgili, p. 7
Le viol dans la législation militaire russe moderne (XVIe-XXe siècle), par Marianna G. Muravyeva, p. 25
La violence sexuelle des soldats allemands pendant la guerre d’anéantissement en Union Soviétique (1941-1945), par Regina Mühlhäuser, p. 43
La victimisation du corps et la politique du corps : viol et abus sexuel pendant la guerre civile grecque, par Kathrine Stefatos, p. 55
« Héroïnes de guerre » et hommes oubliés de la guerre de libération du Bangladesh, par Nayanika Mookherjee, p.71
Viol, blâme et contrôle social : le cas des enclaves paramilitaires en Colombie, par Natalia Suarez Bonilla, p. 83
Une fureur « belgica » en Rhénanie occupée : réalité ou fantasme ? (1920-1930), par Anne Godfroid, p. 95
Pratiques de guerre, terreur et imaginaires : troupes maures et viols durant la Guerre d’Espagne, par Maud Joly, p. 107
Promettre le viol : milices privées contre guérilla maoïste dans l’État du Bihar (Inde), par Alexandre Soucaille, p. 119
Le poids des imaginaires : viols et légende des femmes snipers en Tchétchénie, par Amandine Regamey, p. 133
Lever le silence : nouvelles approches des conséquences du viol en Érythrée, République Démocratique du Congo, Rwanda, Somalie (1994-2008), par Nadine Puechguirbal, p. 145
Réponses publiques à un texte académique sur la rareté du viol dans le conflit israélo-palestinien, par Tal Nitsan, p. 159
La stigmatisation des enfants nés de viols lors de la guerre civile du Nigéria (1967-1970), par Daniel Ikuomola, p. 177
« Décisions spéciales » : les enfants nés des viols allemands abandonnés à l’Assistance publique pendant la Grande Guerre (1914-1918), par Antoine Rivière, p. 189
Russes et Allemands : viols de guerre et mémoires postsoviétiques, par Norman M. Naimark, p. 207
Notes, p. 229
Les auteurs, p. 261
Remerciements, p. 267

Les auteurs

RAPHAËLLE BRANCHE est historienne et maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Paris-1-Panthéon-Sorbonne.
ISABELLE DELPLA est maîtresse de conférences en philosophie à Montpellier III et membre de l’UMR CNRS 5206 Triangle.
ANNE GODFROID prépare une thèse de doctorat, sur l’occupation belge de la Rhénanie. Elle travaille au Musée royal de l’armée et d’histoire militaire à Bruxelles.
JOHN HORNE est professeur d’histoire européenne contemporaine à Trinity College Dublin (TCD) et membre de la Royal Irish Academy.
ADEDIRAN DANIEL IKUOMOLA enseigne la sociologie à l’Université Adekunle Ajasin (Akungba – Akoko, Etat de Ondo, Nigéria).
MAUD JOLY, ancienne pensionnaire de la Casa de Velázquez (EHEHI, Madrid), est doctorante au Centre d’Histoire de Sciences-Po (Paris),
PIETER LAGROU enseigne l’histoire contemporaine à l’Université Libre de Bruxelles. De 1998 à 2003 il était chercheur à l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS).
NAYANIKA MOOKHERJEE est maîtresse de conférences en anthropologie sociale à l’Université de Durham.
REGINA MÜLHAÜSER est historienne, chercheuse à la Fondation pour la promotion de la recherche et de la culture à Hambourg.
MARIANNA G. MURAVYEVA est professeure de droit à l’Université Herzen de Saint-Pétersbourg.
NORMAN M. NAIMARK est professeur d’histoire est-européenne à l’université de Stanford (chaire Robert and Florence McDonnell).
TAL NITSAN est doctorante en anthropologie à l’Université de Colombie britannique et chercheuse au Liu Institute for Global Issues.
DANIEL PALMIERI est chargé de recherches historiques auprès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
NADINE PUECHGUIRBAL, docteure en sciences politiques, a travaillé en tant que Conseillère Femmes et Guerre pour le Comité International de la Croix-Rouge (CICR).
AMANDINE REGAMEY est maîtresse de conférences de russe à l’Université Paris-I et chercheuse rattachée au Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen
(CERCEC, EHESS/CNRS).
ANTOINE RIVIERE, professeur agrégé d’histoire, prépare à l’Université Paris-IV-Sorbonne une thèse de doctorat intitulée « La misère et la faute. Abandon d’enfants et mères
abandonneuses à Paris (1880-1920) ».
ALEXANDRE SOUCAILLE est chercheur contractuel au CNRS, Paris. Il a un doctorat d’anthropologie sociale de l’université de Paris-Ouest Nanterre-La Défense.
KATHERINE STEFATOS est doctorante en sciences politiques au Goldsmiths College, Université de Londres.
NATALIA SUAREZ BONILLA est docteure en sociologie à l’EHESS et maîtresse de conférences à l’Université del Valle (Cali-Colombie).
FABRICE VIRGILI est historien, directeur de recherche au CNRS (IRICE / Université Paris-1-Panthéon-Sorbonne).

Pour aller plus loin…

Se reporter à l’excellent dossier, publié le 14 février 2011 sur le blog du Monde diplomatique :
« Un droit international pour protéger les femmes – Viols en temps de guerre, le silence et l’impunité » lien.

Contact presse : Emmanuelle Roederer – Éditions Payot & Rivages – 106, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris. Tél. : 01 44 41 39 77.

Source photo : © Edipresse Publications SA

2 Commentaires de l'article “« Viols en temps de guerre » : la levée d’un tabou”

  1. camborde dit :

    Pourquoi s’ingénier à distinguer si soigneusement « viol en temps de guerre » et « viol en temps de paix » ?
    Pourquoi sanctuariser l’un, très récemment, promu par l’ONU « crime contre l’humanité », sans chercher à modifier quoi que ce soit des codes ou habitus militaires, encore moins remettre la guerre en question, et maintenir la prescription pour l’autre, avec sa panoplie toujours innovante de dénis de justice (déqualifications systématiques, non-lieux, prolongations abusives des procédures, menaces verbales destinées à dissuader les victimes, non-respect des temps de peines, carence dans l’information aux victimes ?
    Combien de temps encore se passera-t-il avant de voir bouger cet état de fait ?

  2. Jacky Tronel dit :

    Il n’est pas question ici d’opposer le « viol en temps de guerre » au « viol en temps de paix ». Les deux sont qualifiés de crime : « contre l’humanité » pour le premier, contre « la personne », la « victime » pour le second.
    En temps de guerre, cet acte criminel revêt une autre dimension. La question a été soulevée de savoir si, dans certains cas, le viol n’aurait pas été utilisé comme « arme de guerre » (ex-Yougoslavie, Rwanda…). La réponse est clairement OUI.

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