« Stolpersteine, présence juive en Alsace, devoir de mémoire » (actes du colloque…)
Par Jacky Tronel | dimanche 4 octobre 2020 | Catégorie : ACTUALITÉS, Dernières parutions | Pas de commentaireEn France, rares sont ceux qui savent ce que sont les Stolpersteine (pluriel du mot allemand « Stolperstein », c’est-à-dire les pierres sur lesquelles on trébuche). Elles sont une création de l’artiste berlinois Gunter Demnig.
La page d’accueil du site www.stolpersteine.eu présente un pavé enchâssé dans un trottoir, recouvert d’une plaque en laiton sur laquelle on peut lire ce texte gravé, traduit de l’allemand : PAVÉ MÉMORIEL / ICI HABITAIT 1933-1945 / UN PROJET ARTISTIQUE DE GUNTER DEMNIG POUR L’EUROPE / UN PROJET ARTISTIQUE QUI COMMÉMORE LES VICTIMES DU NATIONAL-SOCIALISME, GARDANT VIVANTE LA MÉMOIRE DE TOUS LES JUIFS, ROMS ET SINTIS, HOMOSEXUELS, DISSIDENTS, TÉMOINS DE JÉHOVAH ET VICTIMES DE L’EUTHANASIE QUI ONT ÉTÉ DÉPORTÉS ET EXTERMINÉS.
L’article qui suit fait la recension des actes du colloque « STOLPERSTEINE – PRÉSENCE JUIVE EN ALSACE – DEVOIR DE MÉMOIRE » présidé par Michèle Jablon, professeure d’histoire du Moyen Âge, coordonné et organisé par Christophe Woehrle, docteur en histoire contemporaine de l’Université de Bamberg. Herrlisheim-près-Colmar, le 1er mai 2019.
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Le livre ACTES DU COLLOQUE STOLPERSTEINE, PRÉSENCE JUIVE EN ALSACE, DEVOIR DE MÉMOIRE sous la direction de Christophe Woehrle, éditions Secrets de Pays, ISBN 978-2-491344-02-3, mai 2020, 160 pages, 160 x 240, 16 € peut se commander sur le site de l’éditeur :
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Présentation
Le 30 avril 2019, le sculpteur allemand Gunter Demnig pose les 27 premiers Stolpersteine en Alsace, à Muttersholtz (Bas-Rhin) puis, le lendemain, 24 autres à Herrlisheim-près-Colmar (Haut-Rhin).
C’est là que « nous avons entrepris d’organiser un colloque en prolongement des festivités liées à la pose des Stolpersteine. Nous avons eu la chance d’accueillir des acteurs locaux de l’histoire juive de notre région, des historiens réputés venus nous faire part de leurs connaissances sur des sujets tout aussi variés que captivants. Il était entendu que nous ferions tout notre possible pour faire publier les actes de ce colloque afin de “graver” à notre tour, dans la mémoire, le souvenir de ces belles journées. La transmission est le premier but des Stolpersteine, cet ouvrage en est le prolongement, et la preuve, s’il en fallait, que ce projet est légitime et qu’il entraîne dans son sillage toutes les générations à ne pas oublier. »
Table des matières :
Avant-propos, par Christophe Woehrle, 7
Les Juifs en Alsace des origines au 18e siècle, par Michèle Jablon, 11
Les Juifs et le patrimoine juif en Alsace, particulièrement dans le département du Haut-Rhin, par Ivan Geismar, 21
Le Département « Patrimoine et Culture » au Consistoire Israélite du Bas-Rhin : Se souvenir, transmettre et construire ! par Yoav Rossano, 25
Histoire du Convoi 73 et présentation de l’association Convoi 73, par Henri Bitran, 30
Retranscription en français moderne d’un rapport lu à l’assemblée de la Société des Amis de la Constitution, le 27 février 1790 sur la question de l’état civil des Juifs d’Alsace, par Christiane Brenot et Christophe Woehrle, 35
Stolpersteine : Muttersholtz, premiers pavés de mémoire en Alsace, par Christophe Woehrle, 55
51 Stolpersteine en mémoire des victimes juives des communes de Muttersholtz et Herrlisheim-près-Colmar, 30 avril et 1er mai 2019, par Christophe Woehrle, 63
Les premiers Stolpersteine dans le Haut-Rhin par Christophe Woehrle, 103
Les communautés Israélites du rabbinat de Wintzenheim, par Christophe Woehrle, 112
Le cimetière israélite de Herrlisheim-près-Colmar et l’antisémitisme par Jean-Pierre Weill, 119
L’enseignement des Juifs dans le Reichsland d’Alsace-Lorraine, par Éric Ettwiller, 125
Hazkia Bitran (1909-) déporté du Convoi 73, par Henri Bitran, 145
Marian Kolodzieja (1921-2009), par Christophe Woehrle, 149
Avant-propos de Christophe Woehrle
En 2012, alors que j’entrais en deuxième année de licence à l’Université de Bamberg en Bavière, je découvrais par la même occasion ce qui allait devenir mon sujet de thèse, les prisonniers de guerre français en Allemagne, mais aussi le projet mémoriel créé par Gunter Demnig, les Stolpersteine, pavés de mémoire posés devant les domiciles des victimes du nazisme.
Alsacien, vivant à quelques encablures de la frontière germanique, je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler de ces pierres mémorielles et, très vite, je compris qu’elles avaient quelque chose qui pouvait éveiller l’intérêt de tous pour la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Alors que j’assistais, la même année, à mes premières poses, je demandais à l’artiste s’il envisageait de poser un tel pavé à Bamberg, pour un prisonnier de guerre qui avait été abattu lors d’une tentative d’évasion dans les rues de la ville bavaroise et que la mémoire collective avait effacé.
C’est en 2013 que je faisais poser mon premier pavé et j’étais déterminé à ce qu’il ne soit pas le dernier, mais je m’étonnais également de voir que le projet était totalement absent de l’espace mémoriel français. Je décidais, cette même année, de faire en sorte que les choses changent et je réussis en 2015 à faire poser plusieurs pavés, pour des prisonniers de guerre français décédés en captivité en Allemagne, dans la proche région bordelaise et en Charente. Ces poses allaient en engendrer d’autres et Bordeaux fut la première grande ville française à en accueillir dès l’année suivante.
Après la fin de mon master à Bamberg, je revins en terre alsacienne pour y travailler et préparer mon doctorat. Dès lors, je décidais, dès 2015, de faire poser des Stolpersteine en Alsace. Je m’étais naturellement tourné vers la commune de Marckolsheim où je vivais à cette époque et leur proposais de poser les premiers pavés en Alsace. La commune de Muttersholtz, par l’intermédiaire de son secrétaire général, Julien Rodrigues, ayant eu vent de cette idée, me contacta pour envisager le projet sur le sol de sa commune. N’ayant jamais obtenu de réponse officielle de la mairie de Marckolsheim, je décidais de contacter la commune de naissance de ma grand-mère qui me parlait souvent des victimes juives de la Shoah, Herrlisheim-près-Colmar.
Et voilà qu’en ce 30 avril 2019, nous posions les 27 premiers Stolpersteine en Alsace, à Muttersholtz dans le Bas-Rhin. Vous découvrirez dans cet ouvrage un reportage de la journée. Le lendemain, c’était au tour d’Herrlisheim-près-Colmar d’accueillir les premiers pavés du Haut-Rhin, reportage que vous découvrirez au fil de votre lecture.
Dans l’après-midi du 1er mai, toujours à Herrlisheim-près-Colmar, nous avons entrepris d’organiser un colloque en prolongement des festivités liées à la pose des Stolpersteine. Nous avons eu la chance d’accueillir des acteurs locaux de l’histoire juive de notre région, des historiens réputés venus nous faire part de leurs connaissances sur des sujets tout aussi variés que captivants. Il était entendu que nous ferions tout notre possible pour faire publier les actes de ce colloque afin de « graver », à notre tour, dans la mémoire, le souvenir de ces belles journées. La transmission est le premier but des Stolpersteine, cet ouvrage en est le prolongement et la preuve, s’il en fallait, que ce projet est légitime et qu’il entraîne dans son sillage toutes les générations à ne pas oublier.
Mes sincères remerciements vont à tous les acteurs de ces journées mémorielles, bénévoles, institutions, intervenants, parrains, enseignants et élèves, amis et familles, forces de l’ordre, associations, etc, et ne voulant oublier personne, simplement à tous ceux qui, de près ou de loin, ont œuvré au succès de ces journées. Un merci tout particulier à MM. Patrick Barbier et Gérard Hirtz, maires des deux communes et leurs proches conseillers, à Christiane Brenot et Françoise Masson pour leur soutien, sans faille, dans l’organisation des deux journées.
Obernai, le 9 mars 2020,
Christophe Woehrle, coordonnateur du projet et organisateur du colloque
L’auteur…
Docteur en histoire contemporaine de l’université de Bamberg, en Allemagne, Christophe Woehrle est membre du comité du Souvenir Français de Clairvivre et spécialiste des victimes des conflits contemporains.
Il est l’auteur d’un livre paru en août 2019 aux éditions Secrets de Pays : La cité silencieuse, Strasbourg – Clairvivre (1939-1945). Ce livre a reçu la Médaille d’or 2020 de la Société française d’Histoire des Hôpitaux et le Prix de la Décapole 2020 décerné par l’Académie d’Alsace des Sciences, Lettres et Arts. Lire sur ce blog…
Il a également publié, toujours aux éditions Secrets de Pays : Prisonniers de guerre dans l’industrie de guerre allemande (1940-1945), octobre 2019.
Lire sur ce blog…
Ces trois livres sont disponibles et peuvent être commandés sur le site de l’éditeur :
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Pour consulter le site de
Christophe Woehrle, c’est ici :
www.prisonniersdeguerre.com