« Tant que je vivrai » de Frania Eisenbach Haverland et Dany Boimare
Par Jacky Tronel | mercredi 3 août 2011 | Catégorie : ACTUALITÉS, Dernières parutions | 8 commentaires« Revenue en 1945 des camps de concentration où elle a perdu toute sa famille, Frania Eisenbach, polonaise d’origine, s’installe en France et mène une vie normale jusqu’en 2005, lorsque le « devoir de mémoire » s’impose à elle. A l’occasion du 60e anniversaire de la libération des camps, son témoignage a été recueilli, avec d’autres, par la Mairie de Paris et le Mémorial de la Shoah et elle donne des conférences dans les lycées. C’est l’occasion, dit-elle, de « pousser à nouveau la porte du passé », de se souvenir de ceux qui ne sont pas rentrés ou ne sont plus là, et de faire des rencontres – comme celle de Dany Boimare, avec qui elle écrira ce récit à quatre mains.
Le témoignage est sobre, factuel, sans pathos. L’auteur, née en 1926 et qui a passé les six années de guerre en camp, a la bonne idée de raconter aussi l’avant (son enfance, heureuse, en Pologne, mais aussi la montée des périls) et l’après : son arrivée en France, pays de ses rêves qui n’a pas toujours été à la hauteur.
Ce récit n’est pas le premier sur les camps de concentration, ce n’est pas un monument littéraire, mais il a la force brute du témoignage et vient, comme une piqûre de rappel, nous dire combien il est important de faire parler les derniers rescapés de cette sombre période ».
Texte Véronique Tison.
Un livre témoignage réédité en 2011
Publié pour la première fois en 2007, le livre a été inscrit sur les Chemins de mémoire – le site du ministère de la Défense – en 2008. La deuxième édition est augmentée d’une préface de Rémi Picard, ancien médecin et autre « passeur de mémoire ».
Texte de la 4e de couverture
Septembre 1939, Frania Eisenbach est une jeune adolescente de 13 ans lorsque l’armée allemande envahit la Pologne. « Avec ma musique je vais te faire rire et te faire pleurer », disait son père, musicien et chef d’orchestre. Il a disparu dans la tourmente nazie comme plus des soixante membres de la famille de Frania. Meurtrie à jamais par l’enfer du ghetto et de la vie concentrationnaire, six longues années durant, c’est en France qu’elle se trouve réfugiée puis choisit de s’installer après l’ouverture des camps. Elle attendra plus de cinquante ans avant de pouvoir témoigner. Sa rencontre avec Dany Boimare, l’amitié et la confiance qui en naîtront, auront permis la naissance de ce livre, dans une première édition, fin 2007, aujourd’hui épuisée. Il est illustré de quelques photographies et documents d’histoire relatifs aux quatre ghettos et camps où Frania a été déportée, de la Pologne vers l’Allemagne.
Il n’existe aucune parole, quelle que soit la langue, pour décrire l’indescriptible, et aucun mot pour nommer l’innommable. Tous les survivants de cette catastrophe ou d’autres génocides le savent et peut-être quelques rares autres personnes. Il nous faut alors apprendre à lire entre les lignes, entre les mots et écouter les silences…
Frania Eisenbach Haverland et le devoir de mémoire
Une voix avec un léger accent, une voix qui se casse dès qu’elle évoque les membres de sa famille, une voix qui lorsqu’elle se tait engendre le silence.
Frania Eisenbach Haverland a accompli le plus douloureux des voyages en enfer.
Dès le 7 septembre 1939, les soldats allemands occupent son village de Tarnow où ont lieu immédiatement des actions répressives contre la population juive : exécutions, déportations. En 1941, elle est enfermée dans le ghetto de Tarnow qui sera liquidé en septembre 1943. Elle est ensuite envoyée au camp de Plaszow (dont certains déportés faisaient partie de la liste de Schindler), l’espérance de vie y était de 4 semaines, Elle a 17 ans et demi. En 1944, l’armée soviétique approche, Frania est transférée à Auschwitz puis à Birkenau : « camp de la quarantaine » et ensuite au camp de Flossenburg en Allemagne pour aboutir enfin à Thérésienstadt près de Prague. La Croix Rouge la recueille à la fin de la guerre. Durant tout le temps des hostilités, Frania est restée prisonnière dans des conditions extrêmes, elle a échappé à de multiples sélections, aux maladies, au désespoir.
À 84 ans, elle cherche toujours l’explication même si elle sait qu’elle ne la trouvera pas. On interroge souvent les personnes déportées sur leur vécu dans les camps mais peu sur leur retour, leur réinsertion et leur engagement de témoin. Devant les classes du lycée, Frania a continué le récit commencé devant une classe de troisième en racontant son arrivée à Paris, l’apprentissage d’un métier et la libération de sa parole. Infatigable, elle intervient très fréquemment dans les classes, participe à des congrès, des conférences mais surtout elle transmet aux jeunes qu’elle rencontre son espérance en un monde meilleur et pour ce faire, elle leur conseille de s’ouvrir aux autres.
Texte Catherine Guillaume.
Titre : Tant que je vivrai Tarnow, Plaszow, Birkenau et autres lieux
Auteur : Frania Eisenbach Haverland, Dany Boimare
Editeur : Edite
Collection : Roman
Broché : 236 pages
ISBN-10: 2846082251
ISBN-13: 978-2846082259
Prix : 18 €
Vidéo avec interview de l’auteure :
Tant que je vivrai, Tarnow, Plaszow, Birkenau et autres lieux, Frania Eisenbach Haverland et Dany Boimare.
On m’a lu quelques passages de ce livre qui m’ont beaucoup touchés. Dommage qu’on ne trouve plus ce livre aucune part…
Vous pouvez le commander à la Librairie du Mémorial de la Shoah, accessible via ce lien. Plusieurs sites en ligne de vente de livres d’occasions l’ont encore en stock. JT
Cette femme est tout simplement géniale. Je suis actuellement en classe de troisième dans laquelle est vient de nous faire une intervention pour témoigner de son vécu. C’était si touchant et si triste que, comme tant d’autre, j’en ai eu les larmes aux yeux… J’en ressors changé. Comme si j’étais une nouvelle personne. J’ai envie de faire le bien autour de moi et d’aider les gens… J’espère y arriver autant que possible… Merci pour tout Frania.
Cette femme extraordinaire a marqué mes petits-enfants lors de ses conférences dans les collèges. Ils ont tant appris avec elle, de l’horreur de ce qu’elle a vécu à la force de s’en sortir.
MERCI MADAME
J’ai eu la chance de recevoir son témoignage aujourd’hui même. Il m’a beaucoup touchée et m’a émue. Sa voix qui se brisait lorsqu’elle parlait d’événements tragiques, sa force de réussir à en parler, la dureté de son vécu. J’ai été submergée dès le début. J’ai encore, malgré d’innombrables recherches personnelles sur cette guerre, du mal à imaginer que cette femme, assise en face de moi, ait vécu autant d’épreuves. Car c’est vraiment différent d’entendre un témoignage en face à face avec une personne que d’en lire un. Son récit a été vraiment bien construit et m’a à de nombreuses reprises fait monter les larmes au yeux et donné la boule au ventre.
Merci à cette dame de nous avoir fait partager son vécu, de nous avoir appris son parcours et ainsi donné un point de vue différent sur cette horrible guerre.
J’ai participé hier à la Conférence de Frania Haverland. J’en suis ressortie émue et profondément touchée par ce récit si vif encore à la mémoire de Frania. Le traumatisme et la douleur si présents encore, nous permettent de mieux comprendre cette période horrible de l’histoire mondiale.
Merci à vous Madame de votre courage et de votre dévouement à vouloir participer au relais de mémoire, afin que des événèments comme ceux-ci soient connus dans leurs détails et ne se renouvellent plus jamais….
N. Francois
Mon ami Stéphane Rio m’a invité à venir écouter un spectacle de lecture et musique, musique dont il est l’auteur et l’interprète, au collège Barbey d’Aurivilly de Rouen. J’ai tout écouté avec attention et bien souvent avec terriblement d’émotion surtout lorsque Frania répondit à certaines questions. J’ai moi aussi eu une enfance douloureuse et j’ai à ce sujet écrit un livre : « Polska » qui fut en premier lieu une pièce de théâtre jouée 2 années consécutives au Festival d’Avignon et qui en fut « coup de coeur » en 1989. FR3 a tourné cette pièce qui fut diffusée sur la Sept et sur FR3 Normandie dans les années 90. Nous avons été remarqués pour le prix « Corin » qui nous a échappé mais qui nous a permis de rencontrer Simone Weil et la famille Klarsfeld. Il est vrai aussi que mon livre ne traite pas uniquement des femmes Juives mais il y en a une « Myriam » car ce livre est l’histoire des « sept » mamans que j’aurais pu avoir. Il avait été édité par la Société des Écrivains qui n’existe plus, mais j’aurais aimé en offrir un à Frania, afin que nous fassions plus ample connaissance, sa douleur est comparable à celle qui me ronge mais pas exactement pour les mêmes raisons car petit je n’avais pas conscience de ce que l’on tramait (entre 1942 et 1948 en Poméranie) sur mon dos et dans ma tête, c’était donc moins terrible, mais l’absence continuelle de famille, de pays, de langue, et d’origines est très éprouvante. Vous pouvez consulter le site de ma Compagnie. Merci beaucoup. Henry Dubos
Merci pour ce commentaire…
Voici le lien vers le site de votre Compagnie : http://www.tmcoulisses.com
Bien à vous,
JT