La 5e de ces Rencontres Historiques aura lieu samedi 13 novembre 2010, à la Mairie d’Urdos (Pyrénées-Atlantiques). Le thème en sera : L’enfermement sous le régime de Vichy, sous la direction de Christophe Lastécouères, maître de conférences à l’Université de Bordeaux III.

Les Rencontres Historiques du Fort du Portalet…

Elles ont vu le jour en 2006 autour du projet de réutilisation du Fort du Portalet et se déroulent à Urdos, dans la commune même où se situe la forteresse.

Il s’agit d’une démarche collective portée par plusieurs institutions intéressées par la revalorisation de ce monument, dont l’équipe chargée de l’enquête historique, que dirige Christophe Lastécouères, et le conseil scientifique du comité de pilotage, que dirige Pierre Prétou, maître de conférences en histoire médiévale à l’Université de La Rochelle.

Après avoir abordé plusieurs questions comme la frontière et la guerre, à partir de l’année dernière, le comité a travaillé sur le thème de l’enfermement politique. Cette question suscite un intérêt majeur en Vallée d’Aspe. En 2009, des historiens spécialisés dans les formes locales de la détention ou de l’internement politique sont venus présenter leurs travaux et les sources qu’ils ont utilisées : tandis que Claude Laharie a évoqué le camp de Gurs durant la période de la Retirada afin d’illustrer le passage d’un monde « clos » à un monde « ouvert » sur son environnement, Philippe Souleau a présenté les différents lieux d’enfermement bordelais comme un véritable « système ». Christophe Lastécouères, pour sa part, a évoqué le décalage entre les prétentions affichées par l’administration et le mode de détention « privilégié » des cinq grandes personnalités de la IIIe République enfermées au Portalet en 1941.

Les interventions ont été bâties selon une approche « territoriale », car le but est bien de mettre en lumière l’originalité de l’enfermement politique dans une région comme l’Aquitaine et de montrer, en outre, comment une « territorialisation » de l’enfermement permet de pallier les impasses liées au caractère mouvant et multiforme de ce phénomène.

Ces deux Rencontres (2009 et 2010) feront l’objet d’une publication et contribueront ainsi aux efforts menés par les historiens, derrière Jean-Claude Vimont, pour mieux définir la spécificité de l’enfermement politique.

Cette année, les trois intervenants invités poursuivront cette réflexion sur l’enfermement sous le régime de Vichy : Corinne Jaladieu, docteur en Histoire, parlera de l’administration pénitentiaire pendant la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement de la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne), le lieu de rassemblement le plus important de prisonniers politiques condamnés par Vichy ; Pascal de Toffoli, responsable des Archives contemporaines à Agen, évoquera le camp de Carrère, annexe de la prison d’Eysses ; Jacky Tronel, membre du comité de rédaction de la revue d’Histoire Arkheia, présentera ses recherches sur le repli de la prison militaire de Paris jusqu’au camp de Gurs, ainsi que sur la formation et la dissolution rapide de la prison militaire de Bordeaux.

Le Fort du Portalet, publication de l’Association Mémoire Collective en Béarn, réédition 2009 enrichie de l’édition de 1999. Table des matières : Des jalons historiques – Le Fort pendant la première guerre mondiale – Une colonie de vacances au Fort – Le Fort, prison politique : les premiers prisonniers, Blum, Daladier, Gamelin, Mandel et Reynaud – Le Fort libéré ! – L’ex-maréchal Pétain au Portalet – L’adieu au Fort. Pour commander l’ouvrage…

Bref historique
de la forteresse

Le fort du Portalet est un fort du massif des Pyrénées, situé dans le département des Pyrénées-Atlantiques, sur la commune d’Urdos. Construit à 765 mètres d’altitude sur une falaise dominant le gave d’Aspe, il était chargé de protéger la route du col du Somport. Il est occupé de 1871 à 1925 par le 18e régiment d’infanterie de Pau. Sous le régime de Vichy, de 1941 à 1943, il sert de prison politique pour des personnalités de la IIIe République (Daladier, Reynaud, Blum, Mandel, le général Gamelin…). Puis il abrite une garnison allemande. Le 24 août 1944, il est repris par la Résistance. Le maréchal Pétain y est détenu 3 mois du lendemain de son procès, le 15 août 1945, jusqu’à son transfert à la forteresse de l’île d’Yeu, le 16 novembre 1945.

Classé monument historique, le 30 novembre 2005, « il présente au point de vue de l’histoire et de l’art un intérêt public car il s’agit d’une des défenses les plus abouties de toutes les fortifications des Pyrénées, qui constitue un jalon important dans l’histoire des fortifications du XIXe siècle et s’insère de façon exceptionnelle dans son environnement paysager ».

Source photos : Les chemins de la Mémoire – Le Fort du Portalet (64)

Galerie photos de Thierry Llansades : lien