Montaigu, ancien collège transformé en pénitencier militaire
Par Jacky Tronel | dimanche 14 mars 2010 | Catégorie : Dernières parutions, DES PRISONS… | 1 CommentaireSous l’administration du maréchal Soult, ministre de la Guerre, et par ordonnance royale du 3 décembre 1832, la prison de Montaigu est érigée en pénitencier militaire.
La prison de Montaigu occupait une partie des bâtiments de l’ancien collège fondé en 1314 par l’archevêque Gilles Aycelin de Montaigu. L’entrée donnait sur la rue des Sept Voies (place du Panthéon). En 1792, le collège de Montaigu est converti en hôpital et en maison de correction militaire : « On y renferme pour peu de temps ceux qui se sont rendus coupables de quelques infractions contre la discipline : les soldats qui, casernés hors de Paris, se rendent sans permission dans cette ville, et autres soldats de la place, convaincus de légers délits ».
En 1819, sous l’impulsion du général Defrance, commandant la première division militaire à Paris, et du maréchal Suchet, duc d’Albuféra, membre du conseil spécial de la Société royale pour l’amélioration des prisons, un programme de réformes est mis en place. Le 14 juin, à l’initiative de Benjamin Appert, jeune philanthrope, une « école d’enseignement mutuel » est ouverte et profite à quatre-vingt-dix prisonniers. Dans un rapport du 27 août 1819, le duc d’Albuféra vante les mérites de la réforme : « Les progrès de l’instruction par l’enseignement mutuel sont rapides et les soldats s’y appliquent journellement. L’ordre règne partout ». À Montaigu, cinq ateliers sont créés. On y fabrique des bas, des couvertures, du tulle de laine, des rubans et des chapeaux de paille. Le travail est rémunéré à hauteur d’un franc à deux francs cinquante par jour.
Le 28 novembre 1834, le chef de bureau de la justice militaire adresse un rapport au ministre de la Guerre dans lequel il fait l’éloge de la réforme pénitentiaire qui « a pour but la moralisation par le travail […] Le but principal que l’on veut atteindre, c’est la moralisation des sujets vicieux : or, quel bien pour la discipline de l’armée, que de mauvais exemples en moins, si au lieu de faire rentrer dans ses rangs des individus abrutis encore par les vices qu’engendre la vie oisive des prisons, on les rendait réconciliés sous les idées d’ordre, de travail et de subordination ». En dépit des excellents résultats obtenus, il expose les « motifs qu’il y a de hâter la translation du Pénitencier de Montaigu dans le château de Saint-Germain […] M. le Duc de Dalmatie, voulant mettre le nouveau système en expérience, décida qu’il serait appliqué, à la date du 1er janvier 1833, dans la prison de Montaigu, à Paris ; mais comme il savait très bien que le mauvais état de ses bâtiments, leur vicieuse distribution, étaient des obstacles matériels qui s’opposaient sans cesse à l’entier accomplissement de ses intentions […] il s’occupa en même temps de faire rechercher, dans le voisinage de Paris, une position plus convenable ». Le choix se porte sur le Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise).
© Service Historique de la Défense – Département de l’Armée de Terre.
Maison de correction à partir de 1792, puis pénitencier militaire au 1er janvier 1833, Montaigu est vidé de ses prisonniers en avril 1836, au profit du pénitencier de Saint-Germain-en-Laye. Les bâtiments de l’ancien collège de Montaigu sont rasés en 1842, pour laisser la place à la future bibliothèque Sainte-Geneviève, édifiée de 1844 à 1850 par l’architecte Pierre François Henri Labrouste.
Bonjour,
Merci pour ces informations sur cette prison.
A noter que cet établissement fut utilisé brièvement comme hôpital et a accueilli des blessés de la bataille de Waterloo par exemple. Mon ancêtre blessé à Fleurus y fût hospitalisé.
Romain