Scène de corvée dans une prison militaire, dessin Léon Couturier (1920)

Dessin à la plume de Léon Couturier :  prisonniers travaillant dans une cour de prison militaire, vers 1920. Coll. Jacky Tronel

C’est le titre donné à un dessin à la plume proposé sur un site de vente en ligne qui attira mon attention :
« Dessin Couturier (Léon) – Prisonniers militaires travaillant dans une cour de prison. S.L.,S.D. [sans lieu, sans date], vers 1920. 225/265 mm ».

La scène représente deux prisonniers assignés à la corvée de ramassage du crottin. En arrière-plan, on aperçoit un surveillant de la justice militaire observant la scène, cravache à la main, planté juste devant l’entrée des écuries. Le ramassage se fait à la pelle et au balai, mais aussi avec les mains…

Quelques recherches plus tard, j’apprenais que l’auteur du dessin signé Léon Couturier, avait reçu le titre de peintre de la Marine en 1890, nommé à ce titre aux côtés des peintres Gustave Le Sénéchal de Kerdréoret, Augustin Marcotte de Quivières, Octave de Champeaux-La Boulaye et Eugène d’Argence.

Dessin à la plume de Léon Couturier :  prisonniers travaillant dans une cour de prison militaire, vers 1920. Coll. Jacky Tronel

« Prisonniers travaillant dans une cour de prison militaire, vers 1920 », Léon Couturier, coll. Jacky Tronel. Cliquer pour l’agrandir.

Militant anarchiste ?

Curieusement, Léon Couturier se trouve également cité dans le Dictionnaire des militants anarchistes.

Voici la notice qui lui est consacrée :

« Après des études à Lyon, Couturier fréquenta l’École des Beaux-Arts de Lyon de 1860 à 1864 et débuta en 1868 au salon de la Société des artistes français. Acquis aux idées libertaires, il collabora à de nombreux titres de la presse libertaire dont : La Feuille de Zo d’Axa (Paris, 25 numéros du 6 octobre 1897 au 28 mars 1899), aux Temps Nouveaux de Jean Grave (de 1899 à 1901) et aux Albums des Temps Nouveaux (en 1905), à l’Almanach de la Révolution (Paris, 1902-1914), Le Conscrit (Paris, 1905) organe antimilitariste publié par Gustave Hervé et André Morizet. Il donna également des dessins au Sifflet dreyfusiste en 1898-1899. Il avait également illustré la couverture de la brochure de Charles-Albert Aux anarchistes qui s’ignorent publiée en 1901 dans la collection Petite bibliothèque révolutionnaire et les couvertures des numéros 15 et 60 des Publications des Temps Nouveaux. Léon Couturier est mort à Neuilly en 1935. »

L’auteur de l’article que Wikipédia lui consacre conteste cette activité libertaire : « Compte tenu de la teneur nationaliste de sa production artistique, il est très probable que les dessins signés Couturier qui illustrent plusieurs publications anarchistes dans les années 1900 (l’Almanach illustré de la révolution, Temps nouveaux, La Colonisation de Jean Grave) lui soient attribuées à tort » !…

Effectivement, sa nomination au titre de peintre de la Marine en 1890, sa Légion d’honneur reçue en 1897, le choix des sujets traités tout au long de sa carrière : scènes de la vie militaire, troupes coloniales, marine militaire, poilus… interrogent quant à ses supposées convictions libertaires.

Marin du Bayard, Léon Couturier, peintre de la Marine

« Marin du Bayard », Léon Couturier.
Coll. Daniel Boulcourt.

Détails sur sa vie et son œuvre,
selon Wikipédia

Léon Antoine Lucien Couturier, né le 29 décembre 1842 à Mâcon et mort le 21 décembre 1935 à Neuilly-sur-Seine, est un artiste peintre naturaliste français, spécialisé dans les sujets maritimes et militaires.
Il participe à la défense de la capitale lors du siège de Paris par les Prussiens en 1870. Cette expérience traumatique de la guerre et de la défaite est la source d’inspiration d’une première série de tableaux consacrés au conflit puis à la représentation des soldats et de la vie militaire. Un séjour en Afrique du Nord semble être à l’origine d’un certain nombre d’œuvres dédiées aux troupes coloniales.
À partir des années 1880, il consacre son pinceau à la représentation des navires militaires et des marins de l’état. Ces productions lui valent des marques de reconnaissance officielle. Nommé Peintre de la Marine en 1890 et décoré de la Légion d’honneur le 31 décembre 1897, il bénéficie de commandes publiques de tableaux. Il croque les soldats français lors de la Première Guerre mondiale. À la fin de sa vie, sa peinture délaisse les navires de guerre pour la pêche et les pêcheurs.
Il expose avec régularité au Salon de la Société nationale des beaux-arts.
Il a aussi travaillé comme illustrateur de livres. Il signe les dessins de trois recueils du poète de la mer Yann Nibor : Chansons et récits de mer (1893, préface de Pierre Loti), Nos matelots (1895) et La Chanson des cols bleus, chants populaires de la flotte française (1901). Il illustre La Marine Française de l’historien militaire Maurice Loir (1893) et La Guerre Fatale France-Angleterre du capitaine Danrit (Flammarion, 1900, 2 vol.).
Également dessinateur et graveur, il popularise ses œuvres sous forme de lithographies et d’images livrées à la presse illustrée. Il conçoit l’affiche de la Société française de secours aux blessés militaires ainsi que les illustrations des menus des diners officiels organisés par le président de la République Félix Faure à l’intention du couple impérial lors du voyage du tsar Nicolas II en France en 1896.

Interrogations…

Signature du peintre Léon Couturier, vers 1920

Au sujet de l’œuvre : ce dessin à la plume a vraisemblablement été réalisé en vue d’illustrer une publication, deux traits fins de cadrage, au crayon à papier, semblent le confirmer. Dans quelle revue ou livre ce dessin a-t-il été publié ?

Au sujet de l’auteur : anarchiste ou bien nationaliste ? Quid des titres de la presse libertaire auprès desquels il est censé avoir collaboré ?

Se pourrait-il qu’il y ait plusieurs artistes portant le même patronyme, celui de Léon Couturier ? Il existe bien un Philibert Léon Couturier, né le 26 mai 1823 à Chalon-sur-Saône, mort le 26 octobre 1901 à Saint-Quentin (Aisne), peintre animalier et portraitiste…

2 Commentaires de l'article “Scène de corvée dans une prison militaire, dessin Léon Couturier (1920)”

  1. Durut dit :

    Bonsoir Jacky

    Philibert Léon Couturier est décédé le 26 11 1901 .
    Ci-joint l’acte de décès en ligne : http://archives.aisne.fr/ark:/63271/vta539a16116ad99/daogrp/0/390
    Acte N°948 Vue 390/449
    Cordialement.

    Ph Durut

  2. Jacky Tronel dit :

    Merci Philippe pour cette information…
    Le peintre Léon Couturier qui fait l’objet de ma recherche est décédé, quant à lui, le 21 décembre 1935, à Neuilly-sur-Seine.
    Mon questionnement porte sur ses convictions politiques. Il est en effet cité dans le Dictionnaire des militants anarchistes… ce qui semble pour le moins curieux quand on connaît son parcours !

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