Qui étaient les « tondues de Bordeaux » du 29 août 1944 ?
Par Jacky Tronel | lundi 9 avril 2012 | Catégorie : Dernières parutions, RECHERCHES | 31 commentairesIl y a quelques années de cela, alors que je travaillais sur « L’Épuration et les femmes en Dordogne » (article publié dans la revue d’Histoire Arkheia n° 17-18, 2006), je découvrais dans un lot de photographies de femmes tondues à Bergerac la photo de deux femmes tondues et dénudées, conduites je ne sais où par une foule excitée.
Impossible de connaître l’identité de ces femmes, le lieu de la prise de vue et le sort qui leur a été réservé.
Quand il s’agit d’évoquer la Libération, curieusement, ce sont toujours les mêmes images qui viennent à l’esprit : les scènes de liesse populaire, les défilés de résistants paradant dans les rues des villes et des villages libérés, les cérémonies patriotiques, les bals et les flonflons sur les places publiques… les tontes des « collaboratrices » !
Ces images sont choquantes, il est vrai. Mais elles participent au nécessaire travail de mémoire…
La « tondue de Chartres »
Cette photographie dite de la « Tondue de Chartres », prise par Robert Capa le 16 août 1944, est sans doute le document le plus représentatif du phénomène de l’épuration sauvage de l’été 1944. Deux historiens Chartrains, Gérard Leray et Philippe Frétigné, se sont livrés à une étude minutieuse de micro-histoire pour chercher à en savoir plus sur les protagonistes de la scène. Ils sont parvenus à en reconstituer le fil… et en ont fait un livre, La tondue, 1944-1946, 224 p, Éditions Vendemiaire, Paris, septembre 2011.
Les « tondues de Bordeaux »
Plusieurs mois après la publication de cette étude sur « l’Épuration et les femmes en Dordogne », un document me parvenait, non sourcé, ainsi légendé : « Scène survenue à Bordeaux (France), le 29 août 1944 : la mère et la fille furent promenées nues dans les rues avant d’être abattues à la mitraillette et jetées dans la Gironde. »
Il est probable que cette photo a été publiée dans le journal Sud Ouest… mais je n’en ai pas la preuve. Je souhaiterais en savoir plus sur l’identité de ces deux femmes, une mère et sa fille (?), sur ce qui leur était reproché, sur le contexte de cette scène publique, et enfin, sur ce qu’elles sont réellement devenues… [lire la suite jusqu’au bas de l’article]
Merci à celle ou celui qui pourra m’en dire plus sur ces deux malheureuses « victimes » de l’Épuration sauvage de l’été 44. Quoi qu’elles aient pu faire, elles méritaient, au pire, un jugement en bonne et due forme, rien de plus… Autre temps, autres mœurs !
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Le 13 juillet 2017, une copie de la photo originale m’a été transmise par Robert Buet. Elle est ainsi légendée : « Bordeaux – Août 1944 – Après la libération… ». Au dos apparaît le tampon du photographe, vraisemblablement l’auteur de la prise de vue : François Mendiboure, Biarritz. Un ami chercheur, Philippe Durut, a identifié ce photographe dont le nom apparaît dans l’Annuaire Havas des Basses et des Hautes Pyrénées de 1930, domicilié rue Larralde et avenue Reine-Victoria, 78. Il figure également sur le registre du recensement 1936 de Biarritz, rue Larralde, avec cette précision : « né à Biarritz, en 1900 ».
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Le 13 septembre 2017, un correspondant belge, Ivo Stroobants, me signalait l’existence d’une seconde photo… Voici son commentaire :
« J’espère vous apporter quelque élément de plus dans vos recherches sur les tondues de Bordeaux. Je ne sais pas qui elles sont, non plus qui sont les autres personnes sur cette photo. Mais il existe un deuxième cliché de cette scène affreuse, pris une cinquantaine de mètres avant le premier. Vous pouvez trouver cette photo sur le site web de la maison de ventes aux enchères Leclere à l’adresse suivante (ici) où le vendeur l’a incorrectement nommée “Libération à Marseille”.
On voit sur ce cliché que le cortège venait tout juste de traverser le Pont de Pierre qui était plus étroit que maintenant et possédait encore les deux petits bâtiments de péage du 19ème siècle rasés en 1954 lors de son élargissement (source Wikipedia). Vous pouvez vérifier vous-même dans les archives de Bordeaux Métropole : fonds photographique de la guerre 1939-1945 section vues de Bordeaux Pont de Pierre. La scène se situe donc clairement à Bordeaux entre le Pont de Pierre et la Porte de Bourgogne sur l’actuelle place Bir-Hakeim.
Grâce à cette deuxième photo on peut supposer que ces deux malheureuses femmes venaient donc du quartier de la Bastide en rive droite de la Garonne et ont été tondues et mises à nue là-bas, peut-être même à l’actuelle place de Stalingrad. En tout cas il me semble qu’au moment de ces deux prises de vue elles avaient déjà parcouru au moins environ 700 mètres dans cet état piteux et qu’à cet endroit leur marche de la honte sous la Porte de Bourgogne et à travers le centre ville ne faisait que vraiment commencer. Peut-être les emmenait-on vers la prison du Château de Hâ ? »
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Message d’Erwan Langeo du 31 mars 2021 qui apporte des détails plus précis encore, permettant de situer le lieu de prise de vue de cette photo… Voici son commentaire :
« La scène a été photographiée côté Bastide et non côté Bordeaux ! J’en veux pour preuve la cuve de DCA visible sur la maison d’octroi de gauche… il n’y en avait pas côté Bordeaux ! En conséquence, nous pouvons envisager que ces deux femmes (mère et fille ???) ont été rasées et dénudées du côté de Bordeaux-ville et ont été promenées sur le Pont de Pierre pour enfin parvenir sur l’actuelle Place Stalingrad (ex Place du Pont). Leur sort semble avoir été celui d’être obligées de sauter en rivière… Je note qu’aucune des personnes sur ces photos semble armé… j’en concluerais volontiers que la rumeur selon laquelle elles auraient été abattues est à considérer avec méfiance… d’autant plus que si le cortège s’est prolongé en direction de l’avenue Thiers, il existait une caserne de gendarmerie à quelques centaine de mètres… Leur aventure a peut être été stoppée ici… »
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Nous avons donc maintenant confirmation du lieu précis de ces deux prises de vue à Bordeaux ; de la date : 29 août 1944 et nous connaissons l’identité du photographe, François Mendiboure. Il reste à identifier les deux victimes et à connaître le motif de ce lynchage en public…
Merci à Robert Buet, à Philippe Durut (administrateur de l’excellent blog Retour vers les Basses-Pyrénées) à Ivo Stroobants et à Erwan Langeo (guide-conférencier et médiateur du patrimoine Guerre 39-45, archéologue urbain des vestiges de l’Occupation) d’avoir permis de faire avancer « l’enquête »…
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À lire sur ce blog : « Regard sur l’Épuration et les femmes tondues en Dordogne »
Contact : Jacky Tronel – 06 75 22 98 46 – tronel.jacky@wanadoo.fr
ou bien laissez un commentaire ci-dessous, merci.
Bonjour,
Trouvé dans un article en ligne de l’Express pour me situer par rapport à votre billet une référence que vous avez peut être, mais on ne sait jamais :
« Remerciements au Centre de documentation Mémoire de Bordeaux. 05-56-52-59-19. »
Voici la référence de l’article, mais qui n’apporte rien à votre questionnement :
http://www.lexpress.fr/region/une-reddition-n-eacute-goci-eacute-e_480542.html
Parce qu’aimer fut un crime… de quel jugement ? il n’y a rien à juger sur ces femmes, elles ont aimé, c’est tout, comme disait Brassens, où chantait plutôt. Quand on est plus de quatre, on est une bande de cons. Je ne pense pas que les mœurs ont changé, juste leur mascarade. Oui, les pauvres femmes, quelle honte d’avoir fait ça, alors que certains gueulards de la libération faisaient des courbettes. Ah ! l’être humain et sa prise de conscience du sens de la vie… ? Alors que tous, nous naissons, on vieillit et enfin, de toutes les façons, nous passons la grande porte pour rejoindre l’étendue de l’univers : alors à quoi bon tout ça ?
Paroles de « La Tondue » :
La belle qui couchait avec le roi de Prusse
Avec le roi de Prusse
A qui l’on a tondu le crâne rasibus
Le crâne rasibus
Son penchant prononcé pour les « ich liebe dich »,
Pour les « ich liebe dich »
Lui valut de porter quelques cheveux postich’s
Quelques cheveux postich’s
Les braves sans-culott’s et les bonnets phrygiens
Et les bonnets phrygiens
Ont livré sa crinière à un tondeur de chiens
A un tondeur de chiens
J’aurais dû prendre un peu parti pour sa toison
Parti pour sa toison
J’aurais dû dire un mot pour sauver son chignon
Pour sauver son chignon
Mais je n’ai pas bougé du fond de ma torpeur
Du fond de ma torpeur
Les coupeurs de cheveux en quatre m’ont fait peur
En quatre m’ont fait peur
Quand, pire qu’une brosse, elle eut été tondue
Elle eut été tondue
J’ai dit : « C’est malheureux, ces accroch’-cœur perdus
Ces accroch’-cœur perdus »
Et, ramassant l’un d’eux qui traînait dans l’ornière
Qui traînait dans l’ornière
Je l’ai, comme une fleur, mis à ma boutonnière
Mis à ma boutonnière
En me voyant partir arborant mon toupet
Arborant mon toupet
Tous ces coupeurs de natt’s m’ont pris pour un suspect
M’ont pris pour un suspect
Comme de la patrie je ne mérite guère
Je ne mérite guère
J’ai pas la Croix d’honneur, j’ai pas la croix de guerre
J’ai pas la croix de guerre
Et je n’en souffre pas avec trop de rigueur
Avec trop de rigueur
J’ai ma rosette à moi: c’est un accroche-cœur
C’est un accroche-cœur.
Il ne faudrait pas, dans la grande réhabilitation des extrême-droites à laquelle certains se livrent en France depuis quelques années, aller à l’extrême inverse et imaginer que «les tondues» étaient de pauvres créatures soudain livrées à la vindicte d’un public crapuleux. Il y sûrement eu des excès, mais comme l’histoire de la tondue de Chartres l’a montré, la majorité des tondues étaient plus que probablement des crapules collabos de la pire espèce, et dont on peut comprendre qu’il y ait eu contre elles un fort ressentiment – c’est vrai pour les inconnues comme pour une vedette violée comme Mireille Balin. Il peut sembler absurde de s’en prendre ainsi au corps des femmes, c’est vrai, et cela choque notre sensibilité d’aujourd’hui. Il n’en reste pas moins qu’après quatre ans de terreur, de privations, de maris prisonniers et de résistants torturés de la pire façon, de jeunes gens et de jeunes femmes fusillés comme otages aussi bien par la milice que par les allemands, les femmes qui avaient consciemment profité de leurs faveurs sexuelles pour vivre dans les bonnes grâces de l’ennemi nazi en écrasant leurs compatriotes de leur morgue de collabos horizontales, voire de mères de petits boches, ne pouvaient pas tout à fait s’attendre à ce que tous leurs voisins fassent soudain preuve de charité chrétienne….
Comment le « fils de Boche » que je suis pourrait rester impassible à la lecture d’une analyse perçue comme insultante, et forcément tronquée. Tronquée car votre analyse repose sur la Tondue de Chartres. Je vous informe que je suis ami avec l’auteur du dernier ouvrage paru sur cette femme. Oui, en ce qui la concerne, son appartenance à l’extrême-droite et collaborationniste n’est pas contestable. Cette appartenance n’était que le reflet du milieu dans lequel elle avait évolué, rien de plus. Cela ne l’excuse pas mais démontre que l’éducation reçue à la maison peut vous entraîner sur des chemins peu fréquentables.
Les viols ? Un nombre totalement insignifiant car leurs auteurs étaient soit fusillés ou expédiés sur le Front de l’Est ! Bien sûr, certaines se sont servies de cet argument pour se justifier. Comme certaines issues de familles bourgeoises ont été expédiées par leurs proches en Suisse pour y vivre leurs grossesses et y abandonner leurs enfants. Mais cela représente une quantité si faible qui je ne m’y attarderai pas !
Je ne vous laisserai certainement pas écrire ceci sans réagir : « la majorité des tondues étaient plus que probablement des crapules collabos de la pire espèce. » Le plus que probablement démontre votre méconnaissance totale du sujet. De la même manière que vos ancêtres qui ont violentés ces femmes en place publique, vous les condamnez 67 ans après sans même avoir pris la peine de vous documenter. Je trouve le procédé ordurier. Je vous informe que ces femmes (20 000 environ) ont été tondues, mais aussi violentées voire violées en prison, ou même exécutées sans aucune forme de jugement. Leur seul crime étant d’avoir aimé. Je sais que le traversin est propice aux confidences, mais faut-il encore en avoir à faire !
Pour la plupart ces femmes étaient d’origine modeste : employées de maison, de bars, restaurants ou hôtels. Croyez-vous qu’en raison de ces emplois subalternes elles avaient accès à des informations sensibles supposées mettre en danger notre pitoyable Nation ?
Savez-vous combien de prisonniers de guerre français avaient été déportés en Allemagne après la « drôle de guerre » ? 2 000 000, rien que ça ! Les forces vives de la Nation. Les femmes jeunes, seules, belles, livrées à elles-mêmes, n’ont pas couché le premier jour de l’Occupation avec l’ennemi. Petit à petit la glace a fondu… jusqu’à se rendre compte qu’ils étaient des humains à part entière. La solitude a fait le reste.
Nous serions 200 000 enfants de mères françaises et de géniteurs allemands, conçus pendant la Seconde Guerre mondiale. J’avais fondé une association que j’ai présidée pendant 5 ans ½. J’ai collecté un grand nombre de témoignages que je suis en mesure de présenter à ceux qui, comme vous, ont le courage de s’abriter derrière un pseudo…
J’ai par ailleurs travaillé plusieurs dossiers car j’ai, en partenariat avec le mémorial de Caen, organisé 4 colloques avec des intervenants venant de disciplines complémentaires comme : historiens, psy…, témoins de l’époque, journalistes, écrivains, etc. Je peux prétendre bien connaître le sujet, aussi bien en France que dans d’autres pays européens occupés dans lesquels des enfants sont nés. NON, nos mères n’étaient pas des putes à Boches. NON, nos mères n’étaient pas les informatrices que vous voudriez qu’elles aient été. Même si nous reconnaissons qu’un infime pourcentage l’a fait pour de l’argent. Même si certaines (un pourcentage infinitésimal) ont collaboré, cela reste insignifiant. Dans la majorité des cas elles ne sont pas comme vous osez, sans pudeur, sans aucune connaissance, écrire cet insupportable mensonge, ce pied de nez à l’Histoire et aux historiens, et à nous les Témoins : « des crapules collabos de la pire espèce ».
Sachez que nous avons eu à porter ce fardeau de notre origine, stigmatisés par une société française dont la haine n’était que l’expression même de sa conduite pendant cette période. Nos mères n’étaient pas des putes à Boches, nos mères n’étaient pas des collaboratrices à l’horizontale, nos mères ont été pour la plupart amoureuses et c’est tant mieux !!! Je termine sur ces mots célèbres de la grande Arletty : « Si mon coeur est français, mon cul, lui, est international ! »
Jean-Jacques DELORME-HOFFMANN – Prix de l’amitié franco-allemande 2011.
These women look German, by their size, build, hair and relative features. They don’t look French to me. I wonder if they could have been Gestapo, because if truly they were shot, people were very angry (they look angry) and that would have been very extreme even for the Rsistance, based on what I’ve heard from my lover’s Father about his war experiences in the American Army in Norhern France 1944-1945.
Je trouve la réponse de M. Jean Jacques DELORME-HOFFMANN particulièrement bien rédigée, et pleine de justesse par rapport aux faits passés.
Il aurait pu dire aussi que ceux qui ont commis pour la plupart ces pseudos vengeances sur ces femmes étaient pour bon nombre des résistants de la dernière minute.
J’ai lu pas mal d’articles où les résistants, « les vrais », étaient écœurés d’apprendre ces actes de barbaries commis sur ces femmes, à leur insu. Des méthodes qui rappellent tout autant celles perpétrées par nos occupants.
Difficile d’être juge et bourreau… ou trop facile… Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre… Qu’aurions-nous fait, nous qui n’avons pas connu cette misère, nous qui sommes nés dans les années 60 ? Quand il s’agit de sauver sa peau, l’homme est prêt à tout… même à trahir les siens ! Alors…
La tonte des femmes est un acte de barbarie. Parmi elles, il y avait de tout, comme dans la résistance. Pierrot le fou en faisait parti après avoir servi la Gestapo. D’ailleurs, parmi les Allemands aussi, je crois qu’il s’agit d’Albert Goering, frère de Hermann Goering (tristement célèbre criminel de guerre allemand), qui sauva des centaines de juifs et opposants au régime. Il est question qu’Albert obtienne le titre de juste parmi les nations.
Les individus qui ont pratiqué ces tontes se sont comportés comme des criminels, ils n’étaient pas contraints de le faire, il se sont défoulés lâchement car il n’avaient sans doute rien à craindre. Ils avaient une justification morale pour le faire… ou plutôt, ils ont trouvé une justification morale pour le faire.
Quand on parle sans savoir, on écrit de grosses bêtises (pour ne pas dire plus…), comme l’a si bien fait l’ami HDP. Quand on sait de quoi on parle, on écrit un joli texte qui remet les choses à leur place.
Cordialement à tous !
Christophe.
A quoi bon juger encore, si ce n’est pour comprendre à quel point l’humain n’est qu’humain.
L’injustice et la bêtise se nourrissent des frustrations, des peurs de la foule abrutie par l’élan commun,
pour s’abattre sur l’individu, montré du doigt, le poussant sur la scène du sacrifice…
Et comme c’est toujours d’actualité, il faut que j’en parle à mon fils.
L’heure des CONS !
La tonte représente la revanche nauséeuse et minable des CONS, des frustrés en rut, du français moyen subitement métamorphosé en tartarin des barricades.
Les CONS, ont résisté quatre ans avec acharnement, à vendre du cochon au marché noir, à donner leur voisin pour boire son pinard et récupérer ses tickets de rationnement et à la limite récupérer ses biens.
Les CONS, (et ils étaient nombreux) exaspérés de connerie, les yeux hors de la tête, ils ne se tiennent plus au moment de la tonte, ils jouissent, explosant dans un orgasme de faux culs patriotique.
Les CONS, qui sont-ils? des veaux, des salauds, des frustrés en proie aux fièvres dévorantes de la Libération, un vaincu travesti à la hâte résistant de la onzième heure, mais souvent, un collabo retourné.
Ces scènes m’inspirent l’horreur et le dégoût.
Non ! Elle ne méritaient pas cette honte publique.
Seules les foules hystériques savent faire cela. Il fallait écouter ces femmes. Si elles avaient aimé, et alors ! Aimer serait un pêché ?
Et leurs pauvres enfants, comment ont-ils vécu ce cauchemar ?
Et chacun de nous ? N’aurions-nous pas été coupable dans de telles circonstances ?
La France doit parler de ce dossier mis sous le coude encore en 2013.
Et les cinéastes, les écrivains, les chansonniers, pourquoi ne travaillent-ils pas sur le sujet ?
Victoria.
Qu’est-ce que ça veut dire « fils de boche » ? Un enfant est un enfant. Non seulement Brassens, mais aussi JJ Glodman ont écrit des chansons magnifiques sur le sujet…
Soixante sept ans après, je suis écœuré par le comportement de ces pseudo résistants, qui pour se donner bonne conscience, massacraient, torturaient femmes et enfants. Ces bons français étaient juste des crapules et des ignorants de « base ». Des sales cons qui on commencé la guerre lorsque celle ci était terminée… commencé la guerre contre des ennemies sans arme, contre une armée de femmes… Peut être même des collaborateurs eux mêmes… Je ne comprends pas comment les autorités de l’époque pouvaient accepter ces exactions. Toutes ces filles, pour la plupart étaient plus de pauvres filles que des collaboratrices.
Je pense que dans ces moments difficiles, la guerre avec toutes ses horreurs, l’être humain « normal » est prêt à tout pour survivre. Les vrais héros sont rares… et… comme disait, décidément, Brassens… mourir pour des idées d’accord… mais de mort lente…
Bonjour,
Je viens de découvrir votre site qui est très bien construit et très intéressant. Je prends donc le train en marche.
J’ai 63 ans. Mon grand-père maternel a été un grand résistant. Il a refusé toute[s] décoration[s] à la libération. Quant à un des oncles de ma femme, Serge [c’est son vrai prénom], il devait mourir à 20 ans au maquis de Dordogne. La famille ne s’en est jamais remise. Il y a d’ailleurs je pense, de quoi. Sur la table de la cuisine, il avait laissé cette simple « lettre » « Ne m’attendez pas, je vais les rejoindre… »
Suite à un éducation respectueuse des Droits et des Devoirs, j’ai travaillé plus de 35 ans sur celui de la Mémoire.
Les « Tondues » sont une monstruosité. C’est la lâcheté des vainqueurs d’hier, qui s’exprime dans la plus terrible des vengeances, et d’une ignoble barbarie. D’une sauvagerie absolument totale. Ceux des villages, des bourgs, qui ont commis ces exactions ne sont pas dignes d’être traités comme des Hommes. Car il me semble qu’il y a une différence à collaborer pour le pire avec l’armée nazie, et le fait d’avoir couché avec un « boche ».
J’ai, dans ma famille de la Drôme, entendu des représailles insoutenables concernant des miliciens. Je trouve que ces vengeances sont « normales », même si elles sont atroces. Faut dire que les tortures de ces miliciens furent inimaginables. Sans oublier les déportations. Mais, s’en prendre à une femme pour de sombres histoires de coucherie dépasse mon entendement.
C’est également le sentiment de Mr Badinter, et d’autres historiens qualifiés. Et surtout Humains.
Puisse cette barbarie ne jamais revenir. Il nous faut éduquer les enfants dans le sens de la vie, et non de la vengeance ou du déshonneur.
Je vous prie de recevoir, Monsieur, mes cordiales salutations. Et je me répète, un grand merci pour votre site.
Bon et bien maintenant que tout ça a été dit nous voilà bien avancés. S’offusquer soixante dix ans après… La belle affaire. N’aurions-nous pas, dans le meilleur des cas, comme Brassens je crois, mis un accroche cœur à notre boutonnière sans élever la voix. Je trouve facile de condamner ces « tondeurs » dans le confort tiède de nos salons du XXIème siècle, devant nos écrans plats d’ordinateur. Parmi eux il y avait certes des résistants de la dernière heure, mais il devait également y avoir des victimes des amants de ces femmes. Pendant qu’elles goûtaient au Champagne et aux petits gâteaux, d’autres subissaient privations, torture, déportation, perdaient la vie. Interrogez-vous sur ce que vous auriez fait si un de vos parents, un être cher avait été victime d’un allemand amant de votre voisine … Ne jugeons pas trop vite les tondeurs. Nous ne ferions que répéter leur jugement hâtif à l’encontre des tondues.
A Frouard (Meurthe et Moselle), ma mère (milieu ouvrier), a été tondue l’après midi du 25 septembre 1944. J’avais onze ans.
Polonaise, mère de 8 enfants, elle était sans instruction. Elle a sympathisé avec un soldat polonais sous l’uniforme allemand, heureuse de pouvoir dialoguer dans sa langue ! Elle ne tirait aucun profit matériel de cette sympathie.
Je n’ai rien oublié du chagrin que toute la famille a subi..
Aujourd’hui, mai 2014 (70 ans se sont écoulés), je cherche à savoir comment une telle injustice a pu être menée. Début juillet 2014, je retournerai à Frouard pour essayer de comprendre.
Et même si elles avaient été catins ?… Qu’elles aient couché pour le plaisir, par amour, pour quelques sous, ou autres denrées, me semble insignifiant, tant qu’elles n’ont pas collaboré politiquement ou militairement. On peut même imaginer qu’elles aient couché pour obtenir des informations, amadouer des soldats afin d’éviter un contrôle… bref, pour faciliter un acte de résistance. Il n’y a pas d’homme prisonnier ou pas qui ont couché avec des allemandes ? Est-ce qu’on imagine de les tondre, humilier, pour cela ?
Pour répondre à Lili, je cite le témoignage que j’ai recueilli auprès de Christian Michaud, alors résistant évadé du STO en Allemagne, qui était présent à Bergerac au moment des tontes et qui me déclarait, non sans ironie :
« J’ai assisté, écoeuré, à la Libération, par la fureur qui a valu à de pauvres malheureuses d’être tondues. Songez qu’à Bergerac, on a tondu les filles du bordel. Comment auraient-elles pu refuser leurs services à l’occupant ? Horrible, et injuste : si on avait dû en faire autant à tous les gars qui, en Allemagne, avaient « fraternisé » avec les blondes Walkyries, la mode de la boule à zéro aurait été générale. »
L’horreur de ces scènes restera une grande honte pour tout être humain qui se respecte et respecte donc la Vie.
C’est LA page infiniment noire de la Libération, celle dont notre pays n’avait nullement besoin : que de souffrances indicibles pour ces femmes et leurs enfants, infligées sous couvert d’un patriotisme de pacotille, le plus laid et indigne qui soit, voulant masquer surtout d’autres actions sans doute bien moins avouables en se fondant dans la populace haineuse et en participant à la plus infâme des curées.
C’est à vomir : ces « tondeurs », n’en déplaisent à certains qui leur trouvent des excuses, sont la HONTE de la France et RIEN ne peut venir justifier leurs actes, d’une barbarie sans nom. Paix aux victimes, oui, car ces femmes et leurs enfants sont et resteront les victimes d’une vindicte populaire honteuse, inhumaine, inacceptable.
Leurs tortionnaires, les badauds ricanants… ce sont eux qui devraient avoir honte, aujourd’hui, en se reconnaissant sur ces photos. Ils ont perpétré une abomination et enfermé des familles entières dans une détresse infinie, dans un silence infiniment destructeur.
Abjecte, ce terme de « collaboration horizontale » qui occulte l’amour qui a pu exister entre deux êtres humains, qui ont su dépasser les barrières de la guerre : ce n’est pas là un crime ! Ces femmes ont aimé, leurs bourreaux ont haï aveuglément.
Revoyez le film « Au bon beurre »… il résume bien l’attitude des collabos français et leur comportement à la libération. En tout cas, nul ne peut se traduire en juge !!! Et pourtant, les pires l’ont fait pour se sortir de leur propre honte et cacher leur propre collaboration…
Je plains de tout cœur ces femmes… elles ne méritaient pas cela !
C’est l’histoire d’une femme juive habitant Paris.
Pendant toute la durée de l’occupation, après qu’elle se fut retrouvée veuve, elle a tout fait pour cacher ses 4 enfants.
Elle était, pour son malheur, propriétaire d’un restaurant à quelques rues d’un centre de commandement de l’armée allemande. De fait, son restaurant fut réquisitionné par l’occupant pour servir les repas à ses officiers.
Elle a vécue l’occupation avec la peur au ventre d’être découverte, obligée de servir des repas aux officier d’une armée d’occupation dont l’un des objectifs était l’arrestation en vue de l’extermination de ses semblables.
Peur pour elle-même et peur pour ses enfants qui étaient cachés loin de Paris.
A la libération, des « confrères » (dont tout le quartier savait qu’ils traffiquaient au marché noir), résistants de la dernière heure (et désireux de mettre la main sur son établissement) l’ont dénoncée ; elle fut « arrêtée », tondue et livrée à la vindicte populaire.
De guerre lasse elle a vendu son établissement à des profiteurs de la pire espèce, a changé de quartier, mis une chappe de plomb sur cette histoire et a renié sa religion de peur que cela ne recommence.
Cette femme était loin d’être une collabo horizontale, elle n’a pas eu le choix ni pendant l’occupation, ni après, on a décidé pour elle de la manière la plus humiliante mais elle a du faire face.
C’était une mère, une veuve, une juive… c’était ma grand mère.
Elle n’a rompu le silence que lorsque sa petite fille (ma sœur) s’est fiancée avec un juif car elle avait encore peur.
L’épuration n’a fait du bien qu’aux lâches qui avaient sans doute besoin de crier plus fort que les résistants pour démontrer leur patriotisme. Ils ont malheureusement traumatisé des centaines de familles.
Toutes les femmes tondues étaient, avant tout, des êtres humains. La plupart n’ont commis qu’un seul crime, celui d’aimer ; d’autres se sont vu imposer la situation dans laquelle elles se sont trouvées et, enfin, quelques unes ont peut-être réellement collaboré.
Alors, que les jugements à l’emporte-pièce et à la « tout le monde dans le même sac » nous soient épargnés. Ils sont indignes.
Merci pour ma grand-mère.
Ma mère est née en 1930. Jusqu’à sa mort elle a toujours refusé de parler de la guerre. Elle m’a juste dit que les mots « résistance et libération » lui donnaient la nausée. Les « résistants de dernières minutes » ont fait plus de mal dans son village que les jeunes soldats allemands qui occupaient la ferme de ses parents. Les pillages et la tonte des femmes à la libération l’ont tellement choquée, imaginez ces horreurs dans un tout petit village à la pointe de la Bretagne. Un petit village où tout le monde connaît tout des autres. Il semblerait que certaines femmes ont été tondues par vengeance d’hommes dont elles avaient refusé les avances.
Il me semble que certains commentaires de part et d’autre sont excessifs. Non, toutes les femmes tondues à la Libération n’étaient pas d’affreuses collaboratrices, mais il n’en reste pas moins vrai qu’il s’en est trouvées, et pas dans une proportion qui en rendrait l’évocation anecdotiques. Mon père qui est né en 1927 et ma mère qui est née en 1928 m’ont parlé de cette période. Quand j’entends des personnes d’aujourd’hui répéter à satiété la vulgate dominante des trente à quarante dernières années sur la passivité voire pis la complaisance des Français de l’époque à l’égard des occupants allemands, je suis scandalisé. Aucun peuple n’est assez masochiste pour aimer vivre sous une sujétion ou une domination étrangère (encore moins la tutelle nazie), et le peuple français de cette époque ne fait pas exception. Dans les pays où existe une rébellion, une révolution ou une résistance à l’oppression, l’activisme armée est toujours le fait d’une minorité, ce qui ne veut nullement dire que les autres segments de la société acquiescent dans le fond de leur coeur ou de leurs entrailles à l’occupation, à l’oppression ou à la soumission. Les Français de ce temps-là étaient désarmés, sans réelles possibilités d’agir concrètement contre les Allemands. Certains pratiquaient le renseignement, la propagande, l’information ou les filières d’évasion aux services du BCRA, du SOE britannique etc… Les occupants allemands ne sont pas conduit en gentlemen (Brantôme, Oradour-sur-glane, Tulle, Villeneuve d’Ascq, Vassieux-en-Vercors, la cascade du bois de Boulogne, le Mont Mouchet…) Ne parlons pas des pays d’Europe centrale et orientale qui ont davantage soufferts que nous du joug nazi (République tchèque, Pologne, Pays baltes, Biélorussie, Ukraine, Russie, Croatie, Serbie, Monténégro ou Grèce, etc). Quant à affirmer que les auteurs des tontes étaient tous des résistants de la dernière heure, cela me semble un peu fort notamment dans le cas chartrain, car dans ce cas elles se sont produites dans la cour de la Préfecture d’Eure-et-loir (l’ancienne préfecture, celle où Jean Moulin a exercé ses fonctions en 1939-1940 sous la IIIe République et le début de l’Occupation et du régime de Vichy : Jean Moulin a été révoqué en novembre 1940). La préfecture ainsi que d’autres lieux à Chartres étaient sous le contrôle du CDL (Comité départemental de Libération) et des FFI (Force françaises de l’Intérieur). La haine dont les prisonniers allemands et ceux et celles qui ont servi l’occupant ont souffert semble plutôt prouver que les Français dans leur masse n’étaient ni indifférents ni accommodants à l’endroit des Allemands.
Ce qui serait intéressant, ce serait d’essayer d’identifier aussi les hommes et la femme qui entourent et conduisent les deux femmes tondues.
En tant que femme, on ne peut regarder ces photos qu’avec horreur.
Chaque histoire sentimentale est unique. Pourquoi toujours vouloir juger. Que savons-nous de ces amours-là ? Rien. En chacun de nous somnole une bête humaine et notre pire ennemie, c’est nous-même. Les foules en délire sont plus dangereuses que tout car incontrôlables, mais le pire n’est pas là, savoir se servir du passé pour ne pas faire les mêmes erreurs. Et que reste-t-il aujourd’hui de tout ça ? Un terrible malaise collectif, avec malheureusement un sentiment que la haine aujourd’hui de certains pour d’autres est toujours ancrée et prête à ressurgir, là, maintenant, sur la toile, dans les rues ou ailleurs… triste humanité.
Mon Grand Père était résistant à Paris, or s’il a peu parlé, il m’a toutefois bien indiqué que des tas de choses de toute nature se sont passées… je ne les citerai pas ici, c’est sans grand intérêt et démontre qu’en cas de guerre, l’humain n’est jamais gentil. Tout ce que je peux dire, c’est qu’il nous est bien, si longtemps après, difficile de juger quoi que ce soit, qui sur ce soit, de manière objective. Ayons alors la sagesse de lire, d’écouter, de comprendre, mais surtout pas de juger.
Hervé LEGNOC
Je pense justement qu’on peut et même qu’on doit juger ces actes misogynes, qui n’avaient de toute façon pas lieu d’être, quelles que soient les fautes commises par ces femmes, les rumeurs qui ont pu courir ou que sais-je. Dans le pire des cas ces femmes auraient pu être jugées autrement ; après tout, on n’a pas fait subir de sort similaire aux hommes à qui l’on pouvait reprocher collaboration, coucherie ou que sais-je.
Ce processus n’appartient pas tout à fait au passé de mon point de vue. La sexualité des femmes semble malgré certaines avancées demeurer un enjeu public et les questions d' »honneur » et de « réputation » sont tout aussi vivaces que le bas désir de vengeance. Il faut rester vigilant-es quant à certaines humiliations spécifiques qui peuvent alors toujours survenir.
Il y a beaucoup de témoignages émouvants ici. C’est vraiment très instructif de pouvoir sortir de l’histoire « officielle ».
Juste en rebondissant sur le dernier billet (Charlotte RD de 2015) :
On parle de sexualité féminine et j’aurais bien souhaité savoir ce que sont devenus les hommes qui ont eu des relations avec les « souris grises » ou auxiliaires féminines allemandes. Parce que cela a du exister, mais nous avons tous que ce qui est interdit aux femmes l’est aux hommes, surtout à cette époque… relent de machisme du siècle dernier.
Cordialement, en ayant une pensée pour ceux qui ont souffert.
Bonjour
Je viens de demander à mon père qui devait avoir 11 ans à la Libération, il m’a parlé d’une tondue à la Bastide, rue Hortense. J’ai un nom mais cela ne correspond pas car elle n’a pas été tuée après avoir été tondue.
Un jour peut être saurons-nous qui a assassiné ces femmes sans autre forme de procès que des accusations basées sur des paroles… Écœurant.
Bien à vous
Bonjour,
J’ai trouvé par hasard cette information :
« (…) A Bordeaux, la « promenade » d’après tonte eut une autre ampleur : les victimes nues furent précipitées dans la Garonne et qu’importe si elles se noyèrent : c’était des « collaboratrices horizontales » (cf. Sud-Ouest, n° 1, 29 août 1944). »
Source : http://paysfoyen.canalblog.com/archives/2018/08/14/36629914.html