Paul Reynaud et la folle journée du 16 mai 1940

Paul Reynaud, le 1er janvier 1940, dans son bureau du Ministère des Finances

Paul Reynaud, le 1er janvier 1940, alors ministre des Finances, futur président du Conseil et ministre de la Défense nationale et de la Guerre. Photo Stedman Jones, Time Life Pictures, Getty Images.

Les événements qui se sont déroulés tout au long de la journée du 16 mai 1940 donnent un aperçu de l’état d’esprit et de la situation dans lesquels se trouvait le gouvernement face, d’une part, à la fulgurance de l’offensive allemande qui laissait le Grand quartier général des forces terrestres françaises parfaitement incrédule et, d’autre part, face au supposé complot communiste

Réunion de crise le 16 mai,
à 1 h.30 du matin

En pleine nuit, à 1 h. 30 du matin, le général Gamelin téléphone à Marcel Clapier, chef de cabinet du ministre de la Défense nationale et de la Guerre, pour lui signaler que « la situation est grave, que des unités françaises ont lâché et que les forces mécaniques allemandes pénètrent en France, […] que des soldats sans armes affluent de partout, […] que la brèche s’ouvre ».

Le général Gamelin, commandant en chef des forces alliées, « trouve ces événements incompréhensibles et accuse des éléments communistes de semer le trouble ». Le repli du gouvernement est dès lors envisagé.

à 2 h. 15…

…Paul Reynaud, président du Conseil, provoque une réunion de crise. Assistent à la rencontre Édouard Daladier (ministre de la Défense nationale et de la Guerre), Henri Roy (ministre de l’Intérieur), Roger Langeron (préfet de Police de Paris), Jean Berthoin (secrétaire général du ministère de l’Intérieur), le général Héring (gouverneur militaire de Paris), le général Decamp, le Colonel Guillaut, et Marcel Clapier.

Chargé de mettre en place un « dispositif de protection pour arrêter les fuyards et refouler les réfugiés », le général Héring « demande l’autorisation de tirer sur les fuyards éventuels. Cette autorisation lui est accordée. Il fera refluer les réfugiés vers l’ouest en évitant Paris ».

16 mai 1940 : demande d'autorisation du Général Héring de tirer sur les fuyards…

Extrait d’une note classée « Très secret
 » conservée au Service Historique de la Défense,
Armée de Terre, Vincennes, cote 5 N 851.

à 11 heures…

…Une nouvelle réunion se tient au Quai d’Orsay qui porte sur la question de l’évacuation de Paris. Camille Chautemps, vice-président du Conseil, déclare que la situation de la France est pire que celle de la Pologne ! Paul Reynaud évoque la nécessité d’une évacuation et indique qu’il faut s’attendre à devoir faire face à l’action des communistes et des parachutistes.

à 14 h. 10…

…Une note de renseignements du ministère de la Défense nationale et de la Guerre parvient et signale qu’« un fonctionnaire d’une ambassade de la rue de Grenelle qui n’a pas voulu donner son nom, téléphone que des ordres ont été donnés aux communistes en vue de cambrioler les armureries, de s’emparer des armes dans les dépôts pour se livrer à des attentats (voies ferrées, etc). L’ordre aurait été donné hier soir et aurait reçu un commencement d’exécution ».

Cette longue journée du 16 mai 1940 marque bel et bien un tournant. Elle est le prélude au remaniement ministériel du 18 mai qui place le maréchal Pétain
à la vice-présidence du Conseil, Daladier aux Affaires étrangères, Mandel à l’Intérieur.
Le lendemain 19 mai, Paul Reynaud nomme le général Weygand, commandant en chef des armées, en remplacement du général Gamelin, jugé trop passif.

Paul Reynaud et les membres de son gouvernement, 6 juin 1940

Paul Reynaud et les membres de son gouvernement, le 6 juin 1940
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De gauche à droite, MM. Ludovic-Oscar Frossard (Travaux publics), Albert Chichery (Commerce),
Jean Prouvost (Information), Yves Bouthillier (Finances), 
Paul Reynaud (président du Conseil,
ministre de la Défense nationale et de la Guerre et des Affaires étrangères), 
André Février (sous-secrétaire d’État aux Travaux publics), Yvon Delbos (Éducation), Charles de Gaulle (sous-secrétaire d’État
au ministère de la Défense nationale et de la Guerre), Georges Pernot (Famille).

Photo : source.

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