« Peindre la Mémoire » avec Francine Mayran

Francine Mayran dans son atelier.

Francine Mayran est née à Strasbourg en 1958. Psychiatre et peintre, sa peinture est influencée entre autres par Soutine et Anselm Kiefer.
“ Mes peintures sont au service de la mémoire, dans les lieux de mémoire, pour transmettre la mémoire de ceux qui ont disparu et de ceux qui en sont revenus.”

La Shoah et moi…

Je ne sais pas si peindre est pour moi un plaisir, une nécessité ou si la peinture s’est imposée à moi, pour servir à la transmission d’un intransmissible, celui du génocide d’hommes, de femmes et d’enfants dont le seul crime était d’être juifs ou tziganes, comme celui d’autres d’avoir été arméniens, cambodgien ou encore tutsi. Je dirais, comme le peintre Samuel Bak, que ce n’est pas moi qui ai choisi l’Holocauste, c’est plutôt l’Holocauste qui m’a choisi pour être l’un de ses porteurs de témoignage.

"L'exode", huile sur toile, diptyque, 2007, Francine Mayran

L’exode, 2007, huile sur toile / Diptyque, 80 x 200 cm

Il y a quatre ans, des images de déportés se sont imposées à moi. Je n’ai dès lors pu peindre que ces groupes unis dans un même terrible destin, celui de la mort, celui de la perte de l’identité, ces hommes, ces femmes, ces enfants déportés, auxquels on voulut enlever toute humanité, seulement parce qu’ils étaient juifs ou tsiganes. Mon inspiration s’est alors nourrie de témoignages et de photos d’archives de rescapés de la Shoah.

"Derniers regards", huile sur toile, 100 x 50 cm, 2007, Francine Mayran

Derniers Regards, 2007, huile sur toile, 100 x 50 cm

TÉMOINS PASSIFS, TÉMOINS COUPABLES ? fut mon premier axe de travail. Il questionnait la position de témoin de la Shoah ou de tout génocide et la responsabilité du monde et de son indifférence.

LA SHOAH N’EST PAS SEULEMENT UN CRIME CONTRE LES JUIFS, MAIS BIEN UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ. À travers la Shoah, c’est ce qu’il y a d’humain en tout homme qui est nié, c’est la dignité personnelle et l’appartenance à une culture, qui sont contestées. Il m’est alors devenu nécessaire que dans les groupes de déportés émerge l’individu, l’homme derrière chaque survivant, la souffrance individuelle derrière la souffrance collective des génocides.

JE TENTE DE PARLER AU NOM DES MORTS pour qu’ils puissent être considérés comme des individus à part entière, avec leur histoire singulière, leur personnalité propre. J’ai eu besoin de témoigner pour ces morts, mais surtout de témoigner de ces vies.

MAIS JE TENTE AUSSI DE PARLER AU NOM DES RESCAPÉS qui après leur retour, ont essayé de vivre, de revivre, ou plutôt de survivre. Comment vivre aujourd’hui, alors qu’on a voulu anéantir et faire disparaître leur peuple de la terre ?

"Déportés Tsiganes, direction Jasenovac", huile sur toile, 150 x 180 cm, 2010, Francine Mayran

Déportés Tsiganes,
direction Jasenovac
,
2010, huile sur toile, 150 x 180 cm

NOUS SOMMES TOUS DESCENDANTS DE CETTE PÉRIODE BARBARE, TOUS MARQUÉS D’AVOIR RÉALISÉ
LA CAPACITÉ DE BARBARIE
DE L’HOMME CIVILISÉ.

Lorsque ceux qui ont vécu cette tragédie se seront éteints, nous devrons être prêts à prendre le relais de leur parole, de leur mémoire. Il faut des porteurs de mémoire, pour transmettre un espoir en l’avenir, un espoir en un homme meilleur, qui empêche la haine, qui s’enrichit des différences pour dominer le mal.

"Retrouver l'innocence", 2009, huile sur toile, 100 x 100 cm, Francine Mayran

Retrouver l’innocence,
2009, huile sur toile, 100 x 100 cm

Quitter l’enfer du monde. Repartir vers l’enfance. Sortir de l’indicible. Reprendre place dans la vie. Rechercher nos parents. Où est notre maison ? Sommes-nous encore enfants ? Où est notre innocence ?

"Le Samudaripen ou le génocide tsigane", portrait de femme, Francine Mayran

Portrait de femme tsigane

Exposition au Mémorial du Camp de Compiègne-Royallieu

Initialement prévue du 12 février au 1er mai 2011, l’exposition de peintures de Francine Mayran : Témoigner de ces vies, est maintenue jusqu’au 4 septembre 2011. Elle regroupe peintures, céramiques et textes pour honorer la mémoire des déportés et rescapés…
et en particulier, de ceux qui ont été internés dans le camp de Royallieu
,
encore nommé Front-stalag 122.

Livre "La Shoah et son ombre" de Francine Meyran

Des peintures au service de la mémoire.
Des peintures pour éveiller les consciences.

Dans le cadre d’un parcours de mémoire européen, l’exposition Témoigner de ces vies au mémorial du camp de Compiègne-Royallieu se veut l’écho de toutes les mémoires, celle de la Shoah, celle du Samudaripen des tsiganes, celle des résistants et des politiques morts pour leurs idées, celle de ceux morts du fait de leur homosexualité.

Le livre « La Shoah et son ombre », qui reproduit les peintures et les textes de Francine Mayran (traduits également en anglais et en allemand), est disponible chez l’auteur : francine.mayran@gmail.com
ou par commande au + 33 (0)6 35 13 02 40. Présentation du livre : synopsis, sommaire, prix…

Site de Francine Mayran : www.fmayran.com.
Un dossier de presse est également consultable en ligne…

Une vidéo de l’Exposition de peintures « Témoigner de ces vies » de Compiègne-Royallieu
est visible sur YouTube.

Plusieurs expositions prévues en 2011- 2012 :

– BELGIQUE : FORT de BREENDONK, du 15 mai à septembre 2011


- BELGIQUE : BOORTMEERBEEK, commémoration du convoi XX, 15 mai 2011


Francine Mayran, peintre de la Shoah, en compagnie de Régine Krochmal, à Boortmeerbeek, Belgique.

À la mairie de Boortmeerbeek, au côté de Régine Krochmal (survivante du convoi XX) et de son portrait, mai 2011. Voir la vidéo.

– NANCY : décembre 2011


– LUXEMBOURG : GARE HOLLERICH, octobre à décembre 2012

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