« Du chantier de la poudrerie à la prison expérimentale », Sud-Ouest du 23 juin 2011
Par Jacky Tronel | jeudi 23 juin 2011 | Catégorie : ACTUALITÉS, Dernières parutions | Pas de commentaireCe 23 juin 2011, le journal Sud-Ouest consacre deux pages à la commune de Mauzac et Grand-Castang (Dordogne). Comment évoquer Mauzac sans parler du centre de détention (400 détenus environ) et de son histoire ?
Adrien Vergnolle, avec qui je me suis entretenu, est l’auteur de l’article…
Chronologie sommaire :
De décembre 1939 au 22 juin 1940 (armistice) : construction à Mauzac d’une annexe de la Poudrerie nationale de Bergerac sur un vaste terrain d’une centaine d’hectares répartis entre les communes de Mauzac-et-Saint-Meyme-de-Rozens et Lalinde.
Création de deux cantonnements pour y loger les ouvriers : Camp Nord (à Sauvebœuf, commune de Lalinde) et Camp Sud (situé entre le canal et la Dordogne, sur la commune de Mauzac).
Entre les deux, le Camp Maury (à l’emplacement duquel se trouve actuellement la ferme agricole du centre de détention) est destiné à recevoir les travailleurs espagnols des 18e et 19e CTE (compagnies de travailleurs étrangers).
C’est au camp Nord que sera repliée la Prison militaire de Paris, consécutivement à l’installation des tribunaux militaires de Paris repliés à Périgueux.
Camp Sud
De Juin 1940 à septembre 1942 : siège du 652e GTE (Groupement de travailleurs étrangers), composés de Républicains espagnols et de « Palestiniens » (expression désignant les Juifs).
(cf Arkheia n° 23-24, revue d’histoire qui vient de sortir en kiosque et qui consacre un article sur le sujet, pages 112-122).
De mai 1945 à octobre 1947 : centre pénitentiaire pour détenus issus des cours de Justice créées à la Libération.
Du 22 octobre 1947 au 15 février 1951 : prison pour femmes (la plus célèbre d’entre elles : Madeleine Corabœuf, alias Magda Fontanges, maîtresse de Mussolini, est écrouée à Mauzac
du 5 juin 1948 au 31 janvier 1951).
De 1951 à aujourd’hui : centre de détention
Camp Nord
Du 6 novembre 1940 au 2 mai 1945 : « Prison militaire de Paris repliée à Mauzac ».
De janvier 1961 à janvier 1962 : prison pour détenus politiques du MNA (Mouvement national algérien).
De mars 1962 à 1966 : centre de regroupement des objecteurs de conscience (plus de 92% d’entre eux sont témoins de Jéhovah).
De 1965 à 1970 : centre de détention pour prisonniers condamnés à la relégation.
Le centre de détention de Mauzac aujourd’hui
Nouveau centre (situé sur la commune de Mauzac)… de 1986 à aujourd’hui.
Centre de détention de Mauzac, photographié par Damien Bouyssi depuis son paramoteur, le 23 décembre 2008.
« La prison accueille en détention fermée des hommes dont la majorité a été condamnée pour infractions sexuelles à des peines de 2 à 5 ans. Les détenus sont répartis entre 21 pavillons, chacun composé ‘d’unités de vie’ regroupant cuisine, douches, salles communes, et de 12 cellules individuelles dont chaque détenu a la clef. Le fonctionnement du centre de détention s’appuie sur un projet d’établissement orienté vers la formation professionnelle, intra et extra muros. Ainsi, 152 places sont réservées aux détenus motivés par une formation extra muros agro horticole ou métiers du bâtiment, sous réserve que leur situation pénale soit compatible avec les conditions légales du placement extérieur avec surveillance. » Source
Il faut attendre 1985 et la volonté d’un ministre de la Justice, Robert Badinter, pour voir évoluer la structure pénitentiaire. « Le but était de montrer qu’il pouvait exister des structures où les prisonniers étaient responsabilisés ». Ainsi fit-on appel à l’architecte Christian Demonchy, qui élabora, à côté de l’ancienne prison, un nouveau centre, sur le modèle d’une architecture pavillonnaire. Ce projet pilote ne coûta pas plus cher qu’une construction classique. […]
Mauzac n’est pas un grand bâtiment massif, comme la plupart des prisons dites classiques, construites pour la plupart au XIXe siècle. Elle ressemble, ce n’est pas une blague, à un centre de vacances. Pas étonnant quand on sait que l’architecte de Mauzac, Christian Demonchy, est aussi architecte du Club-Méd… Petit détail biographique qui donna du grain à moudre aux détracteurs du projet, qui lui ont reproché de construire une « prison quatre étoiles ».
Eternel fantasme, qui oublie l’essentiel : une prison reste une prison, c’est-à-dire un lieu fermé qui prive de sa liberté un être humain. Source
Lien vers le site du photographe Damien BOUYSSI.