Les Allemands quittent Paris et ses prisons en août 1944
Par Jacky Tronel | jeudi 24 février 2011 | Catégorie : Dernières parutions, DES PRISONS… | 6 commentairesLe 23 janvier 1951, en réponse à une demande de Louis Jacquinot, ministre des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre, René Mayer, ministre de la Justice, dresse la liste des établissements pénitentiaires de Paris et de sa région en indiquant, pour chacun d’eux, la date à laquelle le personnel allemand a évacué l’établissement lors de la Libération…
25 août 1944, l’état-major du « Gross-Paris » fait prisonnier à l’Hotel Meurice, quartier général allemand
sous le commandement du gouverneur militaire de la garnison de Paris, Dietrich von Choltitz.
Texte du courrier établissant la date de départ des Allemands
des prisons parisiennes
Ce courrier, référencé ADM.P.I. N° 581/PL/JL, est reproduit in extenso ci-dessous :
« Par votre lettre citée en référence, vous avez bien voulu me demander la date à laquelle le personnel allemand, en fonction dans les établissements pénitentiaires de Paris et de la région parisienne a évacué ces établissements lors de la Libération.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai, à ce sujet, reçu de Monsieur le Directeur de la Circonscription pénitentiaire de Paris les renseignements suivants :
Établissements / Observations :
M.A. LA SANTÉ : Évacuation du personnel allemand entre le 23 et le 31.10.1942.
À cette époque, transfert des archives et des détenus à Fresnes.
M.A. LA ROQUETTE : Il n’y a jamais eu de kommando allemand à l’établissement.
Malgré cela 52 personnes arrêtées pour raisons politiques ou faits de résistance y étaient internées. Leur libération par ordre du Parquet a été effectuée les 17 & 18 août 1944.
M.A. CHERCHE-MIDI : Départ des Allemands le 23.8.1944
Prisons FRESNES : Départ des Allemands le 24.8.1944
M.C. POISSY : N’a jamais été occupée par les autorités allemandes. Aucun condamné détenu pour le compte des Allemands.
M.A. VERSAILLES : Pas de personnel civil allemand. Uniquement un poste militaire dont le départ peut être fixé au 22 ou 23.8.1944.
M. [?] VERSAILLES : Départ du personnel allemand le 25.8.1944.
M.A. PONTOISE : Cet établissement n’a jamais été occupé par les Allemands.
M.A. ÉTAMPES : Évacuée par le personnel allemand le 22.8.1944.
M.A. CORBEIL : Départ des Allemands le 24.8.1944, les détenus pour le compte des Allemands ont été libérés le 25.8.1944.
M.A. RAMBOUILLET : N’a jamais été occupée par les Allemands.
Le Directeur de l’administration pénitentiaire. Signé : illisible.
Mention manuscrite :
Drancy : 18.8.1944 et St-Denis : 24.8.1944.
Physionomie de la population carcérale sous occupation allemande
Il existe alors trois types de détenus écroués dans les prisons parisiennes : les prisonniers relevant de la justice française, les condamnés par les tribunaux allemands et confiés à la garde des autorités françaises, et les prisonniers relevant entièrement des autorités d’occupation et gardés par elles.
Pendant les quatre années d’occupation, les autorités allemandes réquisitionnent tout ou partie des prisons françaises. Pour la région parisienne, tandis que la prison du Cherche-Midi est entièrement sous contrôle des Allemands, puis celle de Fresnes à partir de 1943, la maison d’arrêt de la Santé ainsi que les maisons centrales de Melun et de Poissy ont leur quartier allemand, tandis que la prison de la Roquette reste complètement sous autorité française.
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Sources : Photo du haut de la page, coll. J. Devereaux.
Lettre du 23 janvier 1951, Ministère de la Défense, Bureau des archives des victimes des conflits contemporains, Caen – Chemise 73 « Ile-de-France » Paris (Seine).
Je recherche où mon beau-frère Hubert Blanchetier etait interné en aout 1944 ; parti par le convoi de Compiègne le 15 8 44, il est mort à Buchenwald le 30 3 45.
Où a-t-il été arrêté, pourquoi, par qui ??, Comment puis je me renseigner ?
Merci à celui qui me répondra, du fond du coeur.
Avec près de 54 000 prisonniers, le camp de Compiègne-Royallieu fut le deuxième camp d’internement en France après Drancy et le premier centre de déportation des prisonniers politiques. Il dépendait exclusivement de l’administration allemande (Service de Sécurité). Ceux qui y étaient rassemblés, avant d’être déportés en Allemagne, pouvaient venir des prisons parisiennes de Fresnes, La Santé ou le Cherche-Midi, mais aussi des nombreux autres lieux d’internement de toute la zone occupée… Connaissez-vous le livre Frontstalag 122, Compiègne-Royallieu – Un camp d’internement allemand dans l’Oise, 1941-1944, de Beate Husser, Jean-Pierre Besse et Françoise Leclère-Rosenzweig, Archives départementales de l’Oise, Beauvais, 2008 ? JT
Peut-on connaître la liste des 52 personnes détenues à la Roquette ? Merci
Dans les années Trente, la Petite Roquette était une prison pour femmes. Les registres d’écrou de la prison sont conservés aux Archives de Paris (18 bd Sérurier – 75019 Paris – Tél : 01.53.72.41.23 – Métro : Porte des Lilas). Mais je doute que vous y trouviez les registres de la période de l’Occupation… Le Ministère de la Justice pourrait avoir conservé une trace de cet ordre du Parquet avec une liste de noms (http://www.archives-judiciaires.justice.gouv.fr/). Bonnes recherches. Si vous trouviez quelque chose, merci de me le faire savoir. JT
Si jamais vous avez le temps de lire mon message… Savez-vous où je pourrais avoir accès aux archives de la Santé pour cette période (plus précisément début 1942)? Où sont-elles gardées de nos jours?
Un grand merci si vous pouvez répondre..
En réponse Claire, les registres d’écrou pour la période 1888-1940 sont conservés aux Archives de Paris (18 boulevard Sérurier – 75019 Paris – Tél : 01.53.72.41.23).
Pour la période qui vous intéresse, début 1942, c’est plus compliqué. Un quartier de la prison était sous commandement allemand… L’occupant est connu pour avoir détruit les archives avant son départ de France, en août 1944.
Néanmoins, j’ai vu passer une note indiquant, pour la maison d’arrêt de la Santé : « Évacuation du personnel allemand entre le 23 et le 31.10.1942. À cette époque, transfert des archives et des détenus à Fresnes ». Or les archives de la prison de Fresnes ont été dévolues aux Archives du Val-de-Marne… À vérifier !
Autre piste : interroger les archives de la préfecture de Police de Paris.
Bonnes recherches, JT