La première fête de l’Huma s’est tenue en septembre 1930 au parc Sacco et Vanzetti, à Bezons (Seine-et-Oise). Interrompue pendant les années d’Occupation, la tradition de la fête de l’Huma reprend à la Libération, au bois de Vincennes. Cette année-là, les communistes du canton de Lalinde (arrondissement de Bergerac) tiennent leur grande manifestation de solidarité prolétarienne, au stade de la Maroutine, le 15 août 1945, jour de la fête de l’Assomption…

Photo d’une époque où le PCF était à son apogée…

La photo ci-dessous est très facile à dater et à situer : nous sommes à Lalinde (Dordogne), à la fête de la Maroutine, le 15 août 1945. Le choix de la date n’est pas innocent. Le 15 août est le jour de la fête de l’Assomption… que les communistes veulent ici transformer en fête populaire, celle du PCF.

Sur la banderole qui domine les débats, on peut lire : « Adhérez en masse au Parti Communiste Français – Le Grand Parti de l’Unité et de la Renaissance Française ». Au-dessous et de part et d’autres apparaissent les portraits de Lénine, à gauche, et de Staline, à droite. Le drapeau français a été hissé.

L’orateur, André Heynard, fils d’un pasteur protestant, est instituteur et maire de Lalinde. « Candidat du PCF et de l’Unité Française », il est élu conseiller général aux élections du 23 septembre 1945.

Assis au premier rang, à gauche, chemise blanche, on aperçoit Lucien Dutard, instituteur, secrétaire fédéral du parti communiste, élu conseiller général de Périgueux en 1945. Il est cofondateur avec Jeanne Vigier du journal communiste « La Voix de Jacquou ».

Entre MM. Heynard et Dutard, robe noire se trouve assise Jeanne Vigier. Résistante active sous l’Occupation, fille de cultivateurs, elle est élue au printemps 1945 conseillère municipale du village de Le Buisson de Cadouin. Jeanne Vigier sera sénatrice de 1946 à 1948.

Derrière André Heynard, il est probable que se trouve Yves Péron. Actif au sein des Jeunesses communistes de la région parisienne avant la guerre, il est arrêté et emprisonné à la Santé au mois de juin 1940. Péron connaît l’exode pénitentiaire jusqu’au camp de Gurs. Condamné à cinq ans de prison par le tribunal militaire permanent de la 12e Région, à Périgueux, il est conduit à la prison militaire de Nontron (Dordogne). Transféré ensuite à la prison militaire de Mauzac, il est admis à l’hôpital de Bergerac le 2 mai 1944, d’où il s’évade aux côtés de Max Moulinier – initiateur de cette évasion – dans la nuit du 10 au 11 juin. Brillant orateur et fidèle serviteur du PCF, Yves Péron poursuivra une carrière politique en qualité de député communiste, conseiller général puis régional.

À droite d’André Heynard, jambes croisées, béret sur les genoux, figure Pierre-Alexandre Coutausse. Au deuxième rang, entre Lucien Dutard et Jeanne Vigier on aperçoit, portant des lunettes noires, Georgette Mortelmans, institutrice militante communiste très engagée. Derrière Jeanne Vigier, chemise blanche, Olivier Pralong et, assise au dernier rang, deuxième en partant de la droite, Marguerite Nouvet. Et enfin, parmi ceux qui ont été identifiés, on relève la présence de M. Moulin, portant béret, debout tout au fond, troisième en partant de la gauche.

C’était au sortir de la Guerre, au temps où le Parti Communiste Français était à son apogée… La Maroutine est aujourd’hui le site sur lequel a été créé le stade de rugby Jean Hernandez, où s’entraîne et joue L’Union Sportive Lindoise, qui vient de fêter son centenaire.

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Sources – Photo collection Jean-Paul Heynard. Texte inspiré des ouvrages suivants :
« Les Communistes en Périgord, 1917-1958 », Jean-Jacques Gillot, Pilote 24 Éditions, 2007.
« Résistants du Périgord », Jean-Jacques Gillot et Michel Maureau, Éditions Sud-Ouest, 2011.

Cette photo a été publiée dans le premier numéro du magazine « Secrets de Pays – Échos du Pays Lindois », page 42.